00:00:09
- Vous urinez, ici ?
00:00:11
- Oui après on jette par derrière.
00:00:15
- Vous avez un récipient ?
00:00:17
- Oui, on a un verre.
00:00:32
- Il y a des gens qui dorment là-haut ?
00:00:34
- Oui, partout.
00:00:35
Dans les hamacs, par terre,
en haut.
00:00:37
Sortez ! Sortez !
00:00:42
Sortez ! Sortez !
00:00:44
-Vous vous en êtes déjà servi ?
00:00:46
- Oui, bien sûr.
00:00:51
Allez messieurs !
Marquez le pas !
00:01:04
- Il y a combien de temps
que vous n'avez pas vu d'arbre ?
00:01:06
- En 1998, il y a huit ans,
00:01:10
j'ai vu un arbre
00:01:23
Quezon City
et sa prison pour enfants.
00:01:33
Aujourd'hui,
00:01:34
il y a dans la prison
168 garçons et 11 filles.
00:01:39
Les filles sont à part.
00:01:45
Pour les garçons,
il y a deux cellules de 35 mètres carrés.
00:01:49
Ils sont 80 par cellule.
00:01:59
Mickey vient d'être expédié
par un commissariat de la ville.
00:02:02
Mickey a quinze ans
00:02:06
On m'a accusé de vol
et d'homicide.
00:02:09
Il y a des voleurs qui
sont entrés dans un magasin.
00:02:12
Ils ont fait un hold-up.
00:02:14
Il y a eu un meurtre et on m'a accusé.
00:02:18
L'un des gardiens remarque
qu'il porte un tatouage.
00:02:21
Ce tatouage, c'est Spoutnik.
00:02:24
Le nom d'un gang de la ville.
00:02:26
Ceux qui font partie de ce gang
portent tous ce tatouage.
00:02:30
Mais dans la ville
de Quezon City,
00:02:32
porter un tatouage est interdit.
00:02:34
C'est un délit.
00:02:35
Ce tatouage me permet d'être accepté
par la bande, d'avoir des amis.
00:02:39
C'est la première fois
que je viens en prison.
00:02:42
- Tu as peur ?
00:02:43
- Oui, j'ai peur.
00:03:02
La sodomie et d'autres
attaques sexuelles des enfants
00:03:06
se produisent souvent en prison.
00:03:11
Il y a des violeurs
00:03:12
chez les adultes emprisonnés.
00:03:19
Cela vous paraît normal que ces enfants
soient avec vous dans la prison ?
00:03:23
Non, non, non.
00:03:25
Ce n'est pas normal
que des enfants comme ça,
00:03:27
aussi jeunes.
00:03:30
Ils ont dix ans,
ils devraient être à la maison.
00:03:33
Si vous pouvez leur donner la liberté,
faites-le.
00:03:36
Aidez-les à partir.
00:04:03
Il est presque 5h du matin.
00:04:05
Il fait 30 degrés.
00:04:10
À gauche,
00:04:11
l'une des cellules des garçons.
00:04:14
À droite, celle des filles.
00:04:18
Les garçons profitent plus du ventilateur
que les filles.
00:04:21
Pourtant, chez eux, il fait plus chaud.
00:04:38
Autour du mitard,
00:04:39
un employé tente d'évacuer les traces d'urine.
00:05:05
On a juste un ventilateur à l’intérieur.
00:05:07
Mais malheureusement,
00:05:08
quand il fait 50 degrés,
ça vous souffle de l'air chaud.
00:05:11
Ça ne sert à rien.
00:05:13
C'est mieux de l'éteindre finalement.
00:05:16
C'est comme si on pointait sur vous
un sèche-cheveux.
00:05:23
Grégory, 35 ans,
arrêté pour cambriolage,
00:05:26
son premier délit.
00:05:28
Il va passer six mois sous les tentes.
00:05:31
C'est ici qu'on vit.
00:05:33
Il y a Adrien ici.
00:05:36
Salut les gars.
00:05:38
Il y a Mike qui est assis sur le lit.
00:05:42
Bonjour.
00:05:44
Et le plus vieux, OJ.
00:05:48
Tous sont de petits délinquants.
00:05:49
Conducteurs en état d'ébriété,
toxicomanes, cambrioleurs.
00:05:52
Ils ont été condamnés
à moins d'un an de prison.
00:05:55
Pour leur faire passer l'envie de revenir,
00:05:57
tous ces détenus sont donc habillés
en bagnards,
00:05:59
mais en plus sous leur tenue zébrée,
00:06:01
perfidement, le shérif Arpaio
a ajouté une touche personnelle.
00:06:04
On a des caleçons roses.
00:06:07
Des sous-vêtements roses.
00:06:11
Je crois qu'il fait exprès pour qu'on ait
plus envie de revenir.
00:06:18
Oui, il essaye de nous humilier
devant les caméras.
00:06:30
En 2006,
00:06:31
ce djihadiste a été recruté
et formé derrière les murs
00:06:35
d'une autre prison irakienne.
00:06:38
La prison d'Abou Ghraib.
00:06:41
À l'époque,
aux mains de l'armée américaine.
00:06:45
D'après le condamné à mort,
00:06:47
c'est ici qu'est née
une partie de la stratégie
00:06:50
de ce qui allait devenir
00:06:52
la plus grande organisation terroriste
du monde.
00:06:59
Abou Ghraib
00:07:00
est un symbole pour les djihadistes.
00:07:04
Elle a fermé ses portes en 2013.
00:07:09
Aujourd'hui,
00:07:10
les djihadistes veulent la détruire.
00:07:14
- C'est par là l'entrée des cellules ?
00:07:16
- Sur ta droite.
00:07:19
Par peur de représailles,
00:07:22
Aucun des responsables du site
00:07:24
n'osent apparaître à l'image.
00:07:30
Je suis prié de faire la visite seul.
00:07:37
Depuis sa fermeture,
00:07:39
c'est la première fois
qu'une caméra est autorisée
00:07:42
à y entrer.
00:07:46
Souvenez-vous,
00:07:48
des images des détenus irakiens
torturés par des soldats américains.
00:07:53
C'était ici.
00:07:58
Humiliés.
00:08:00
Certains se sont radicalisés.
00:08:10
À l'intérieur,
00:08:11
rien n'a changé.
00:08:14
Des murs délabrés.
00:08:18
2400 prisonniers étaient enfermés
dans des cellules comme celle-ci.
00:08:29
Avec comme seul passe-temps,
00:08:31
des livres
00:08:32
aujourd'hui poussiéreux.
00:08:37
La seule lecture qu'ils s'autorisaient
00:08:40
était le Coran.
00:08:44
Le livre sacré des musulmans.
00:08:52
Je vais te montrer la cage où Daesh enfermait
tous ceux qui ne suivaient pas les règles.
00:08:57
Et cela sous les yeux de la population.
00:09:05
Et la voici cette cage.
00:09:07
Les habitants n'osent pas la détruire.
00:09:10
C'est ici qu'a été tourné une partie
des images de propagande des djihadistes
00:09:14
où des Syriens
étaient enfermés comme du bétail.
00:09:20
Ils jetaient les gens dans cette cage
00:09:21
pour une journée ou deux,
sans nourriture, sans rien.
00:09:28
Ils cadenassaient cette porte.
00:09:35
Ils terrorisaient les gens.
00:09:39
Ils les humiliaient
dans cette cage.
00:09:41
- Tu ressens quoi en étant à l'intérieur ?
00:09:44
- Je me sens mal.
00:09:47
Je ne me sens vraiment pas bien.
00:09:49
Vous imaginez être là devant tout le monde
00:09:52
Qui mérite ça ?
00:09:54
Être puni aussi sauvagement ?
00:10:13
Des voleuses,
00:10:14
des meurtrières,
00:10:15
des trafiquantes de drogue.
00:10:17
Toutes mélangées
dans une grande promiscuité.
00:10:21
Au milieu de cette cour des miracles,
00:10:23
un sourire sous des cheveux blonds.
00:10:25
Celui de Katrina, 26 ans,
00:10:28
la seule Européenne incarcérée ici.
00:10:33
Dans cette prison, en ce moment,
00:10:35
je pense qu'on est presque 120.
00:10:43
On partage toutes la même salle de bains.
00:10:46
Katrina a été arrêtée
00:10:47
avec un demi kilo de cocaïne dans son sac.
00:10:50
C'est ce qu’on appelle une mule.
00:10:52
Une petite main du narcotrafic.
00:10:54
Depuis six mois, elle vit dans
cette cellule d'à peine dix mètres carrés.
00:10:59
On vit ici à 13.
00:11:07
Ça, c'est mon lit.
00:11:08
Celui qui est en haut.
00:11:12
C’est vraiment dur la nuit
00:11:13
quand on est toutes dans la cellule
pendant 11 h.
00:11:16
- C’est comment la vie ici ?
00:11:17
- C’est bien, c'est bien.
00:11:19
Enfin non, c'est affreux,
je suis en prison, quoi.
00:11:27
Venez, on va dehors.
00:11:32
- Vous vous sentez en sécurité ?
00:11:35
- Je me sens en sécurité
avec les filles de ma cellule
00:11:37
parce que personne ne vole,
ne se drogue et personne ne se bat.
00:11:41
- Et c'est le cas dans les autres cellules ?
00:11:42
- Oui.
00:11:45
Ça c'est notre cour.
00:11:48
Les filles passent les trois-quarts
de leur temps là,
00:11:50
assissent à l’ombre.
00:12:05
Lorsque l'on est moyennement riches,
on peut s'offrir un tunnel.
00:12:09
Ils font 100 mètres de long
et à peine un de large.
00:12:21
- Combien de gens vivent ici ?
00:12:22
- Je ne sais pas.
00:12:23
Il faut demander au responsable.
00:12:32
Plus on s'enfonce dans ce tunnel,
00:12:34
plus il fait chaud et moins il y a d’air.
00:12:44
- Ici on paye un loyer.
00:12:46
- Combien est-ce ?
00:12:47
- 2 € par semaine.
00:12:52
Ici, c'est l'endroit
le plus large du tunnel.
00:12:54
Il n'y a plus d’air.
00:12:55
La seule sortie, c'est par où on est venu.
00:12:59
Il fait plus chaud ici
qu'à l'entrée
00:13:01
et l'air ne circule plus.
00:13:20
C'est les dortoirs des pauvres.
00:13:33
Des bidonvilles se sont créées
un peu partout.
00:13:35
En général,
une cabane abrite cinq ou six prisonniers.
00:13:44
- Pourquoi n'avez vous pas de cellule ?
00:13:46
- Parce qu'on est pauvres.
00:13:47
On n'a pas d'argent.
00:13:52
- Et l'administration ?
00:13:54
- Rien.
00:13:58
On voit bien la surpopulation
de la prison.
00:14:01
Les gens que vous voyez
par terre le jour,
00:14:03
c'est qu'ils y passent aussi la nuit.
00:14:16
Un puits de béton de 5 mètres sur 3.
00:14:20
Voici à quoi ressemble
la cour de promenade d’Eddie Mills.
00:14:23
Matricule, C30000-008 de la prison
de Pelican Bay.
00:14:29
- Il y a combien de temps que vous n'avez
pas vu d'arbre ?
00:14:32
- Un arbre ?
00:14:35
La dernière fois que je suis allé
au tribunal, en 1998.
00:14:38
Il y a huit ans, j’ai vu un arbre.
00:14:41
C'était pendant le trajet en fourgon.
00:14:46
Chaque jour pendant 1 h,
00:14:48
c'est ici qu’Eddie Mills est autorisé
à se dégourdir les jambes.
00:14:52
Car ce détenu est puni.
00:14:54
Il est soumis au régime le plus extrême
du système carcéral américain Supermax.
00:15:00
Le quartier de haute sécurité,
version yankee
00:15:08
Eddie Mills, lui, a été jugé 7 fois
pour braquages.
00:15:13
Condamné à perpétuité,
00:15:14
Contre le mur du fond.
00:15:16
Ici, il est considéré
comme un bon élément.
00:15:19
C'est d'ailleurs pour cette raison
qu'on nous a laissé l'approcher.
00:15:24
Mais, sécurité oblige, pas question
d'entrer dans sa cellule avec lui.
00:15:37
Je pense que la chose
qui me manque le plus,
00:15:40
c'est le contact humain.
00:15:42
Se promener, plaisanter, jouer,
00:15:44
serrer la main des autres détenus,
00:15:49
Ça me manque.
00:15:49
En prison, Eddie a aggravé son cas.
00:15:52
Membre d'un gang néo-nazi,
il a poignardé un autre détenu.
00:15:56
C'est pour cela qu'il a été placé
dans le quartier de haute sécurité.
00:16:00
C'était il y a onze ans.
00:16:03
Toutes ces années d'enfermement,
00:16:04
j'ai vu des types péter les plombs,
craquer psychologiquement.
00:16:08
Ils ne disent plus rien
et restent assis toute la journée
00:16:11
à fixer le mur.
00:16:12
Et ils laissent leur esprit s'enfuir.
00:16:14
Si on se laisse glisser, c'est ce qui risque
de nous arriver à tous.
00:16:19
Condamnés à de longues peines,
voire à la perpétuité,
00:16:22
ils ont très peu d'espoir
de retrouver un jour la liberté.
00:16:25
À Pelincan Bay,
00:16:26
la vie est rythmée par les affrontements
entre gangs rivaux,
00:16:32
Émeutes raciales,
00:16:37
tentatives de meurtre au poignard
00:16:39
en pleine cour de promenade.
00:16:45
Règlements de comptes.
00:16:46
Depuis la création de la prison,
00:16:48
18 détenus sont mort assassinés.
00:16:50
Cinq ont été abattus par des gardiens.
00:17:19
Il est 10h30 et la fusillade
qui vient d'éclater
00:17:21
ne se produit pas à l'extérieur des murs,
mais à l'intérieur de la prison.
00:17:31
Sortez ! Sortez !
00:17:51
Lorsque les policiers et les militaires
00:17:52
ont fini par investir la prison,
ils ont découvert 25 tués.
00:18:01
La mort est toujours présente.
00:18:04
Dans les couloirs, dans les rotondes,
dans les cours.
00:18:08
Comme si elle voulait nous rappeler
que l'on a tous une fin.
00:18:33
Ceux qui tiennent les grilles,
00:18:34
ce sont ces hommes.
00:18:36
200 guérilleros détenus mais armés,
00:18:39
qui contrôlent les bâtiments
et qui surveillent les autres prisonniers.
00:18:48
Nous devons être armés dans la prison.
00:18:50
C'est pour cela que mes gardes
du corps portent des armes.
00:19:18
- Mais vous êtes prêts à vous battre ?
00:19:22
- Oui.
00:19:24
Nous devons toujours être prêts
à faire la guerre.
00:19:27
Où que l'on se trouve.
00:19:29
Dans les prisons ou en dehors.
00:19:33
L'Etat nous prive de notre liberté.
00:19:35
C'est notre seul moyen pour survivre.
00:19:49
- Vous vous en êtes déjà servi ?
00:19:50
- Oui, bien sûr.
00:20:09
L'administration autorise télévisions,
stylos et quelques livres.
00:20:13
En principe, les pinceaux sont interdits.
00:20:15
Et pourtant, Eddie
a quand même trouvé le moyen de peindre.
00:20:22
On dirait qu'il a trouvé une plume
dans la cour.
00:20:26
Il s'en sert peut être
00:20:27
pour dessiner les petits détails.
00:20:31
Mais c'est un objet interdit,
on va lui confisquer.
00:20:35
Cette plume peut être trempée
dans des sécrétions humaines
00:20:37
et lancée à travers la porte
et frapper un gardien ou un codétenu.
00:20:42
85 % des détenus ici ont l'hépatite C.
00:20:45
Je ne veux pas rentrer chez moi
après avoir été frappé
00:20:47
par une plume infectée
et risquer de contaminer ma famille.
00:20:58
Cette cellule est occupée par Blake,
00:21:01
à 33 ans,
le détenu a déjà fait dix ans de prison.
00:21:05
Après la fouille, il vérifie qu'on
lui a laissé toutes ses photos.
00:21:10
Y compris celles discrètement collées
au dessus de son lit.
00:21:18
J’essaie de garder ces photos un peu
discrètement car si elles sont trop visibles
00:21:22
ils vont me les prendre
et ils me les rendront pas.
00:21:26
Blake n'est pas un ange.
00:21:29
Il a été condamné pour vol à main armée
00:21:31
en 2009.
00:21:36
Je n’ai pas de vrai stylo.
00:21:38
C'est un stylo mou.
00:21:40
Je ne peux pas creuser.
00:21:41
Je ne peux pas blesser
quelqu'un non plus.
00:21:44
On n'a pas de vraie brosse à dents aussi.
00:21:47
On m’a donné que ça.
00:21:48
Vous voyez ?
00:21:49
Elle est toute petite.
00:21:51
Donc on ne peut pas fabriquer
d'armes avec.
00:21:54
Et si je ne veux pas aller dans les autres blocs,
00:21:56
si j’y vais c'est considéré
comme une évasion.
00:22:07
Des armes, les gardiens en retrouvent
presque tous les jours.
00:22:11
Elles sont conservées ici,
loin des détenus.
00:22:14
Dans un local de l'administration.
00:22:16
Tout ça, ce sont des armes
qui ont été fabriquées par les détenus.
00:22:19
Celles-ci ont été faites
00:22:21
avec les morceaux du système
d'aération des bâtiments.
00:22:25
En revendant ça
aux membres d'un gang,
00:22:28
ou juste à un détenu
qui a besoin d'une arme.
00:22:30
Un prisonnier peut se faire au moins 50 dollars
ou même 100 dollars pour celle-ci
00:22:35
car cette arme peut vraiment
tuer un homme.
00:22:43
Ils fabriquent des couteaux avec du verre
00:22:46
ou même du plastique.
00:22:48
Ils sont malins,
ils ont choisi d'utiliser du plexiglass
00:22:52
et le plexiglass ne déclenche pas
le détecteur de métaux.
00:22:56
Certaines de ces armes ont été retrouvées
sur les détenus, eux-mêmes.
00:22:59
Cachées dans leurs poches,
dans leur pantalon, dans leur manteau
00:23:05
et même dans leur rectum.
00:23:16
Il est 6h30 du matin.
00:23:19
Allez les gars, c'est l'heure de se lever.
00:23:22
La journée commence par l'appel.
00:23:27
Eh mec !
00:23:28
Montre-moi ton badge.
00:23:31
Je fais le comptage,
00:23:32
je vérifie qu'ils sont bien dans la tente
et bien dans leur lit.
00:23:36
Et toi là, il est où ton badge ?
00:23:38
Un réveil difficile au son de l'hymne américain.
00:23:48
Puis, pour accélérer le pas,
00:23:50
on sonne la charge de la cavalerie.
00:23:59
Dès qu'ils se réveillent,
ils viennent prendre le rasoir à une lame.
00:24:05
À l'intérieur,
il n'y a pas de salle de bain,
00:24:08
juste un grand réfectoire
où s'entassent jusqu'à 300 détenus.
00:24:12
Ils n'ont aucune intimité.
00:24:19
- Vous n'avez pas de mousse à raser ?
00:24:21
Ah non, ce serait bien trop gentil, ça.
00:24:25
Le shérif Joe Arpaio veut nous humilier,
00:24:27
que l'on se sente misérable.
00:24:31
Il nous traite comme des chiens ici.
00:24:35
Joe Arpaio, le shérif du comté.
00:24:38
À 79 ans, il aime qu'on le présente comme
le shérif le plus dur des États-Unis.
00:24:43
Son credo :
00:24:44
la tolérance zéro.
00:24:48
Vous faites quelque chose de mal,
vous devez payer.
00:24:50
C'est comme ça.
00:24:53
- C'est votre politique ?
00:24:55
- C'est ma politique, c'est une évidence.
00:25:01
C'est le pire endroit aux États-Unis.
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Et mec ! Vas te raser là !
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Vas-y tout de suite.
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Tu peux rien garder à part la moustache,
même pas les pattes.
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Et toi, cache pas ton visage.
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Vas te raser.
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C'est un encadrement militaire
que le shérif Joe Arpaio a mis en place.
00:25:24
Je pense que si certains
de ces types avaient eu ça
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un peu plus tôt dans leur vie,
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une meilleure estime d'eux-mêmes,
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ils n'en seraient pas là.
00:25:50
Maintenant on va les aligner
et on va leur mettre leurs chaînes.
00:25:53
Ils se sont battus entre eux
ou ont insulté un gardien.
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En représailles,
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ces prisonniers sont enchaînés.
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Allez messieurs.
Marquez le pas.
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Avec leurs chaînes aux pieds,
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ils doivent marcher en cadence.
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Préparez-vous.
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En avant,
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marche !
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Ça y est , c’est reparti !
00:26:43
“Ça y est , c’est reparti !”
00:26:45
4 semaines et je serai dehors !
00:26:46
“4 semaines et je serai dehors !”
00:26:49
Je serai content et vous aussi !
00:26:51
“Je serai content et vous aussi !”
00:27:10
Bon, allez vous enlevez les mauvaises
herbes et vous les mettez dans les sacs.
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L'objectif, c'est de montrer l'exemple.
00:27:24
Une manière étonnante de faire
de la prévention.
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Si vous passez sur cette route
avec votre famille,
00:27:30
vous allez dire à votre enfant :
00:27:31
“Eh ne fais pas de conneries, pas de drogue,
sinon tu vas finir comme ces types”.
00:27:44
Elle a essayé
de voler la drogue de ma copine,
00:27:47
elle est punie, elle est au mitard.
00:27:50
- Vous restez cinq jours ?
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- Oui, on est enfermées.
00:27:55
- Vous êtes deux ici ?
00:27:56
- Ouais.
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On va rester enfermer là-dedans cinq jours.
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Vous sentez comme ça pue ?
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Ça, c'est notre mitard.
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Nous y enfermons les gens pour les délits
commis dans les cours, les insultes,
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les vols, les dettes.
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S'il-vous-plaît,
faudrait arranger mon problème.
00:28:16
Il faut me laisser sortir.
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Dimanche, c'est la visite.
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Cela fait quinze jours
que je ne suis pas sorti.
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Il faut que je me lave pour la visite.
00:28:23
Laissez-moi sortir.
00:28:27
Ok, ok, je vais arranger ça.
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Lorsque nous y sommes entrés,
il y avait une cinquantaine de prisonniers
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emprisonnés dans le tunnel.
00:28:40
- Il y a des gens qui dorment là-haut ?
00:28:42
- Oui, partout.
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Dans les hamacs, par terre, en haut.
00:28:56
- Et c'est quoi là-dedans ?
00:28:58
- C'est la nourriture.
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- C'est bon ?
00:29:00
- Non, c'est mauvais.
00:29:00
- C'est quoi le pire ici ?
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Les morpions.
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Il y a huit autres garçons
qui ne sont pas dans les cellules normales
00:29:11
mais au mitard.
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Cette cage où ils tentent
de se donner un peu d'air.
00:29:16
Ceux qui sont punis peuvent
y rester plusieurs jours
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Lui, il est au purgatoire.
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parce qu'il a frappé des plus petits.
00:29:31
Mais il va être libéré tout à l'heure.
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- Vous urinez ici ?
00:29:40
- Oui, après on le jette par derrière.
00:29:43
- Vous avez un récipient ?
00:29:45
- Oui, on a un verre.
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Derrière une fenêtre, c'est facile.
00:30:37
Face à face,
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ça sera peut-être
un tout petit peu plus compliqué.
00:30:45
Nadine Picquet dirige
la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.
00:30:50
La plus grande prison d'Europe.
00:31:11
Oh le voisin !
00:31:12
- Ouais ?
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- Eh stp, juste baisse un peu stp
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- Ouais ouais
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- Dans même pas 1 h je sors en promenade.
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Après tu peux mettre.
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À Fleury, les 1400 surveillants,
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les barreaux, Les verrous ne suffisent pas
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à entraver les liens qui se nouent
jour et nuit entre les détenus
00:31:41
D'une cellule à l'autre,
00:31:43
les prisonniers discutent
souvent en langage codé.
00:31:59
Grâce à leur lasso,
des morceaux de draps déchirés,
00:32:02
ils se livrent des colis
d'une fenêtre à l'autre,
00:32:17
Ils s'échangent cannabis, portable
00:32:20
et petits mots.
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L'administration pénitentiaire
fait ce qu'elle peut pour tenter
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de limiter le phénomène.
00:32:45
Des fouilles sont organisées
quotidiennement dans des cellules
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au hasard.
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- Alors vous avez trouvé quoi pour l’instant ?
00:33:17
- Un câble d'alimentation trafiqué.
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- Et vous avez pas trouvé de téléphone ?
00:33:25
Dans cette radio se cache un objet interdit
00:33:27
et pourtant très répandu en prison.
00:33:34
Ils vont avoir une sanction disciplinaire
et un retrait de leurs effets.
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Des détenus qui ne peuvent pas
s'offrir un restaurant,
00:33:48
mangent ce qu'ils trouvent,
ce qu'on leur laisse.
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Ça, c'est une image de l'Archange
Saint Michel.
00:34:01
- Vous n'avez rien d'autre pour manger ?
00:34:03
- Non, monsieur.
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L'administration pénitentiaire
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prend en charge un repas par jour à 11 h.
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Pour y aller, il faut avoir faim.
00:34:15
Très faim.
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N'y viennent que les plus indigents.
00:34:25
Autour de cette place,
00:34:27
il y a plusieurs restaurants
avec leurs spécialités.
00:34:32
Le pâtissier vient d'Europe.
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Il a été arrêté pour escroquerie.
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Le voisin du boulanger, c'est
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le meilleur restaurateur de la Modelo,
spécialité italienne.
00:34:42
Il faut dire que Giancarlo,
le patron, est italien, qu'il a bien roulé
00:34:45
sa bosse, ce qui lui a permis de connaître
quelques autres prisons.
00:34:49
Il dit avoir séjourné autrefois
dans celle de Nice et s'être fait
00:34:53
arrêter ici, en Colombie,
pour faux papiers.
00:35:01
Des jus de fraises, de mûres,
00:35:04
de bananes, de pommes et d'ananas.
00:35:15
Depuis deux ans,
l'administration de la détention
00:35:18
a lancé un projet original,
presque unique au monde.
00:35:22
Elle a ouvert un restaurant
à l'intérieur de la prison.
00:35:26
Seules les détenues
modèles ont le droit d'y travailler.
00:35:30
Elles sont sept en cuisine.
00:35:33
Katrina est au service.
00:35:40
Moi, je suis là tous les soirs.
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Certaines filles ne viennent pas
tous les jours, mais moi, je ne veux pas.
00:35:46
Parce que c'est beaucoup mieux pour moi
d'être ici que d'être en cellule.
00:35:51
Moi, je me sens heureuse
quand je vais travailler.
00:35:55
Je communique avec les gens qui viennent,
je parle...
00:36:01
Tais-toi, arrête de rigoler.
00:36:03
- Dites moi,
j'ai l'impression que vous riez beaucoup ?
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- Oui et encore plus avec ce beau gosse là.
00:36:08
Ce beau cuisinier.
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Ça, c'est un magasin d'électroménager.
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Il y a 35 artisans et commerçants.
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Les commerçants sont des prisonniers
de droit commun qui font du business.
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Tous ces commerces,
c'est pour la survie des détenus.
00:36:43
C'est grâce à cela que
nous faisons vivre nos familles,
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que l’on gagne notre vie
à l'intérieur de la prison.
00:36:51
C'est avec l'accord de l'administration.
00:37:03
Le dimanche,
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c'est le jour des visites.
00:37:46
Je suis là depuis tellement longtemps.
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Quand j'ai quitté la maison,
j'ai tout perdu.
00:37:56
Alors ici, j'ai fait cet album pour elle.
00:38:00
Et un jour, je lui donnerai.
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Ça, c'est une photo d'elle et moi
quand elle était petite.
00:38:05
Elle me ressemble non ?
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Oh, ça me rend triste, vraiment triste.
00:38:22
Elle a oublié tout ça.
00:38:24
Je veux juste lui rappeler.
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On a tant perdu.
00:38:31
Ça, c'est une photo qu'elle déteste.
00:38:33
Mais moi, je l'aime.
00:38:36
Oh non.
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Voilà pourquoi
il ne faut pas mettre de maquillage.
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- Pourquoi tu pleures ?
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- Parce que je veux sortir d'ici.
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- Comment vois-tu ton avenir ?
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Rien. Je ne pense à rien.
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Je n'ai pas de projet pour après.
