00:00:03
Bonjour à tous et bienvenue sur Synapses.
Est-ce la fin du marasme immobilier ? Beaucoup
00:00:09
le croient, notamment des professionnels, mais
on voit les chiffres s'améliorer. En tout cas,
00:00:14
ce n'est pas l'avis de notre invité,
Patrick Artus, conseiller économique
00:00:17
auprès d'Ossiam. Avant d'engager la discussion
avec Patrick, rappel rituel parce que c'est très
00:00:23
important pour nous soutenir et aussi pour
aider au référencement sur YouTube parce que
00:00:28
YouTube n'aide pas forcément. Eh bien,
abonnez-vous ! Commentez les émissions,
00:00:34
échangez et partagez nos émissions et mettez un
pouce vers le haut si vous les appréciez. Patrick,
00:00:40
bonjour. Bonjour, Vincent. Alors, on a un espoir
tout de même aujourd'hui qui se diffuse au sein
00:00:47
du microcosme immobilier des professionnels,
c'est que finalement les choses sont en train
00:00:53
de s'améliorer, notamment parce que la BCE est
engagée dans un cycle de baisse des taux et donc
00:01:00
la détente sur les taux. en Europe va se diffuser
et également au taux de crédit immobilier. Ce
00:01:07
qui est le cas puisqu’en septembre 2023, on
avait des taux de crédit immobilier au-dessus
00:01:12
des 4% et aujourd'hui, ils se situent aux
alentours des 3,3%. Si je ne me trompe pas,
00:01:20
on note également une reprise des crédits
immobiliers distribués. On a eu 6,9 milliards
00:01:30
de crédits à l'habitat distribué en mars, il me
semble, au point bas. Et puis, on est remonté à
00:01:37
10,1 milliards. Et ça, c'est par mois. Oui. Bon,
donc on se dit, les choses s'améliorent. Et vous,
00:01:44
vous n'êtes pas de cet avis. Alors, je précise
aussi, parce que ça, ça va nous permettre de
00:01:48
lancer la discussion, parce qu'une bonne partie
de la discussion va être autour des taux,
00:01:51
puisqu'on sait que les taux sont déterminants. Ils
resolvabilisent les ménages s'ils baissent. Et là,
00:01:56
ça a l'air d'être le cas, puisqu'on a des
transactions qui remontent. L'Observatoire du
00:02:00
Crédit Logement dit que cette détente sur les taux
de crédit immobilier va se poursuivre et qu'on
00:02:04
devrait assister finalement à une stabilisation de
ces taux sous les 3% à 2,85% durant l'été. Et ça,
00:02:11
vous vous êtes inscrit complètement en faux
contre. Oui, alors d'abord, tout l'immobilier
00:02:16
ne repart pas. Ce qui repart, c'est les normes
de crédit, c'est les transactions immobilières,
00:02:23
mais la construction, les mises en chantier ne
repartent pas et on va... avoir encore moins de
00:02:28
mises en chantier en 2025 qu'en 2024. Probablement
autour de 250 000 cette année, contre à peu près
00:02:37
300 000 l'année dernière. C'est-à-dire que la
crise du logement demeure. Et donc, on a toujours
00:02:43
plus de 2 millions de personnes qui recherchent
un logement social. Il y a toujours une très forte
00:02:47
tension sur le marché du logement, ce qui est
reparti assez violemment. Alors, assez violemment.
00:02:55
Si vous regardez l'encours de crédit immobilier,
les nouveaux prêts, le chiffre que vous évoquez,
00:03:01
un peu plus de 10 milliards d'euros maintenant par
mois, c'est toujours moins que les remboursements.
00:03:06
Donc l'encours de crédit immobilier continue à
diminuer. Mais les nouveaux crédits immobiliers
00:03:13
accordés ont beaucoup, beaucoup augmenté.
Et donc c'est pour ça que les professionnels
00:03:19
sont en général optimistes en disant la baisse
des taux a provoqué un redémarrage du crédit,
00:03:26
un redémarrage des transactions, des transactions
d'abord sur l'ancien, mais les promoteurs vont
00:03:37
remettre en chantier des programmes parce
qu'il y aura de la demande, etc. Et cette
00:03:43
idée d'amélioration de l'immobilier et donc de
sortie du point bas du site immobilier En 2026,
00:03:50
l'année prochaine, est basée effectivement sur
une hypothèse de poursuite de baisse des taux
00:03:55
d'intérêt immobilier. Aujourd'hui, la fourchette,
au milieu de fourchette, c'est 3,30, donc il y a
00:04:01
des taux entre 3,10 et 3,50. Alors moi, j'ai
une vraie inquiétude sur les taux d'intérêt
00:04:07
immobilier. Les taux d'intérêt sur les crédits
immobiliers en Europe sont faits pratiquement sans
00:04:13
marge bénéficiaire pour les prêteurs. par rapport
au taux d'intérêt à 20 ans sur la dette publique.
00:04:20
C'est le cas en France. Et le taux d'intérêt à 20
ans sur la dette publique était pratiquement à 4%
00:04:32
lorsqu'on était au point haut des crédits
immobiliers. Il est tombé à... Il est
00:04:38
tombé à 3,20 au début du mois de décembre. Et
aujourd'hui, on est à 3,60. Alors l'inquiétude,
00:04:48
c'est cette remontée de 3,20 à 3,60 des taux
d'intérêt sur la dette publique de la France,
00:04:54
de l'ensemble des pays, qui n'est pas encore
transcrite dans une hausse des taux immobiliers.
00:05:01
Alors d'où vient cette hausse des taux d'intérêt
? Alors, elle n'est pas du tout spécifique à la
00:05:06
France, donc elle ne vient pas du tout de la
situation budgétaire de la France. Elle vient
00:05:12
de ce qu'il y a eu une forte remontée des
taux d'intérêt à long terme aux États-Unis,
00:05:17
qui est basée sur une révision à la hausse
des anticipations d'inflation aux États-Unis
00:05:22
et une révision à la baisse de la marge de
manœuvre de la réserve fédérale. Maintenant,
00:05:27
les marchés n'anticipent plus que 25 points de
base de baisse des taux d'intérêt de la réserve
00:05:31
fédérale, ce qui fera... La Réserve fédérale
baissera ses taux d'intérêt jusqu'à 4 et ne
00:05:36
baissera plus sur les marchés. Alors que,
si vous vous rappelez, au mois de septembre,
00:05:43
les marchés anticipaient une baisse des taux
d'intérêt de la Réserve fédérale jusqu'à 3,25,
00:05:49
3,50. Là, on parle des taux courts. Donc là, des
taux d'intérêt à court terme. Mais cette révision
00:05:54
à la hausse des taux d'intérêt à court terme a
aussi un effet assez fort sur les taux d'intérêt à
00:06:02
long terme. ou de rentabilité sensiblement depuis
fin septembre. Alors, qui ont monté, donc on est
00:06:07
à 4,60 aujourd'hui et on était au point bas en
septembre, on était 100 points de base plus bas
00:06:16
qu'aujourd'hui, on était autour de 3,60. Donc il
y a une forte remontée à la fois des anticipations
00:06:21
de taux d'intérêt à court terme aux États-Unis
et taux d'intérêt à long terme aux États-Unis.
00:06:25
La première cause de remontée des taux d'intérêt
à long terme en Europe, c'est la transmission.
00:06:33
très habituel d'une partie de la hausse des taux
d'intérêt à long terme américain vers l'Europe. En
00:06:39
général, 40% des mouvements de taux d'intérêt aux
États-Unis sont transmis à l'Europe. Alors comment
00:06:45
ça s'explique justement ? Dans le trait des
arbitrages, si vous avez des taux d'intérêt très
00:06:52
attrayants sur les treasuries, il y a des récentes
de gens qui vendent leurs dettes européennes et
00:06:57
qui en fait, en treasuries, ça a eu le moins
de montées les taux d'intérêt européens. Voilà,
00:07:01
donc première... Et alors, deuxième source de
remontée des taux d'intérêt européens, les marchés
00:07:08
sont moins optimistes sur la capacité de la BCE
de beaucoup baisser ses taux d'intérêt. Donc, à un
00:07:16
moment, les marchés, au début du mois de décembre,
les marchés financiers anticipés avec la BCE,
00:07:21
iraient jusqu'à 1,75 dans ce mouvement de baisse
des taux d'intérêt jusqu'à la fin de cette année.
00:07:28
Aujourd'hui, ils sont autour de 2,10. On a quand
même pris 30-35 points de base d'anticipation de
00:07:35
hausse supérieure aux prétendances entre les
patients. Et comme il y a une remontée des
00:07:40
anticipations de taux d'intérêt à court terme à la
fin de l'année ou à la fin de l'année prochaine,
00:07:45
ça se transmet aussi partiellement sur les taux
d'intérêt à long terme. Donc la remontée des taux
00:07:51
d'intérêt à long terme, les taux d'intérêt... à 10
ans sur l'État français, sont à 3,30 aujourd'hui.
00:08:01
Et cette remontée des taux intérêts à
long terme, donc elle vient d'une part
00:08:05
de la transmission de la forte remontée des taux
intérêts à long terme américain, et d'autre part,
00:08:09
mais dans une moindre mesure, mais aussi d'une
révision à la hausse des perspectives de taux
00:08:15
d'intérêt de la BCE. Et tout ça est lié aussi à
le fait que les marchés... s'aperçoivent qu'ils
00:08:23
étaient trop optimistes sur les perspectives
pour l'inflation. L'inflation américaine,
00:08:29
si vous regardez l'inflation sous-jacente, qu'il
faut corriger du prix de l'énergie, c'est très
00:08:35
volatile. C'est très volatile et on ne sait pas
du tout où il va aller en raison des politiques
00:08:41
de Trump, dont on dira peut-être un mot. Si vous
regardez l'inflation sous-jacente aux États-Unis,
00:08:46
elle est à 3,20. L'inflation sous-jacente dans
la zone euro est à 2,80. Et ces deux inflations
00:08:53
sous-jacentes ne bougent plus depuis plusieurs
mois. Donc on est bloqué un peu en dessous de 3
00:08:58
en Europe, un peu au-dessus de 3 aux États-Unis
si on regarde l'inflation sous-jacente. Il n'y
00:09:03
a pas de raison de penser qu'il y aura une
évolution violente d'ici la fin de l'année,
00:09:08
aussi bien aux États-Unis qu'en Europe. Donc,
en réalité, il n'y aura pas une inflation totale
00:09:14
tombant en dessous de 2% à la fin de l'année en
Europe. On sera très nettement au-dessus de 2%
00:09:19
encore en Europe, sauf si les prix de l'énergie
s'effondrent. Mais la politique de Donald Trump,
00:09:29
c'est une politique d'énergie pas chère pour
rendre les États-Unis plus attrayants. Mais
00:09:34
c'est très contradictoire avec sa politique
d'exportation massive de gaz naturel vers
00:09:40
le reste du monde pour réduire le déficit
commercial des États-Unis. Et jusqu'à présent,
00:09:46
cette politique, c'est-à-dire les déclarations
de Trump, ont plutôt fait monter les prix de
00:09:52
l'énergie. On est à 78, 79 dollars par baril sur
le pétrole. Et on est aux États-Unis, on est monté
00:10:00
à 15. C'est très volatile, mais on est monté à
15 dollars le mégawatt-heure, alors qu'on était
00:10:07
à 5 dollars il y a juste quelques mois. Donc pour
l'instant, en réalité, la politique de Trump est
00:10:14
montée, les prix de l'énergie. Et donc, c'est
clair... Vous ne pouvez pas produire beaucoup
00:10:21
plus de pétrole et de gaz naturel à court terme.
Si vous avez une politique d'exportation massive,
00:10:26
il va arriver beaucoup de nouvelles capacités de
liquéfaction et de shipping de gaz naturel vers le
00:10:34
reste du monde. Aujourd'hui, il y a huit terminaux
de liquéfaction qui sont actifs aux États-Unis.
00:10:42
On va passer à 16 en quelques années. Et si
vous avez une politique d'exportation massive
00:10:47
d'énergie des États-Unis, ça va tendre le marché
de l'énergie aux États-Unis. Et donc, plutôt,
00:10:53
je pense que les prix de l'énergie aux États-Unis
vont monter et ne vont pas baisser. Et ça ne fera
00:10:58
peut-être pas forcément baisser tant que ça
les prix exportés, puisque vous faites le prix,
00:11:03
puisque vous avez tous les mains des gros acteurs
qui sont exclus aujourd'hui. On n'importe plus
00:11:11
le gaz russe. Le prix en Europe, c'est le prix
aux États-Unis plus le coût de la liquéfaction,
00:11:19
le coût du transport dans un méthanier plus le
coût de la gazéification. Je voulais dire, là,
00:11:26
c'est plutôt le vendeur qui est en position
de force, puisque nous, on n'a plus de source
00:11:29
d'autres taux. Oui, mais le vendeur, c'est un prix
de marché. C'est le prix de marché aux États-Unis
00:11:36
qui résulte de l'offre et de la demande. Et
potentiellement, les... Les opérateurs de
00:11:41
marché aux États-Unis croient plutôt une forte
hausse de la demande exportée. Et surtout,
00:11:46
il va falloir que l'Europe remplace le gaz naturel
qu'elle importait de Russie. Et vous savez que le
00:11:53
deuxième pipeline qui traversait l'Ukraine est
maintenant interrompu. Et donc, il y aura une
00:11:58
demande de gaz naturel liquéfié américain plus
forte. Et donc, probablement, on va avoir de
00:12:03
l'inflation. D'ailleurs, si vous regardez les prix
de l'énergie, ils remontent partout. Il y aura au
00:12:10
minimum l'arrêt de la contribution négative
à l'inflation des primes d'énergie. Et donc,
00:12:15
ça veut dire que l'inflation va remonter vers le
niveau de l'inflation sous-jacente. Et à nouveau,
00:12:21
ça veut dire un peu moins de 3 en Europe et un
peu plus de 3 aux États-Unis. Et évidemment,
00:12:27
ce qui nous intéresse là, c'est l'impact sur
les taux d'intérêt et donc à terme sur les
00:12:31
taux de crédit immobilier. Et oui, je pense
qu'aujourd'hui... Si vous trouvez une banque
00:12:37
qui vous fait un crédit immobilier à 3,20 à 20
ans et il faut que vous signiez tout de suite,
00:12:42
parce que probablement les taux d'intérêt à 20
ans sur les OAT, donc sur la dette publique de
00:12:48
la France, vont rester au moins aux alentours de
3,60. Et donc les banques progressivement vont
00:12:54
réajuster leur taux des prêts immobiliers vers
ce nouveau niveau des taux sur la dette publique.
00:13:00
Alors je reviens un petit peu à vos scénarios là.
Vous dites que l'inflation sous-jacente va rester
00:13:07
élevée, que l'inflation faciale, enfin les prix
à la consommation vont remonter vers le niveau de
00:13:14
l'inflation sous-jacente. Très bien. Qu'on ne
va pas avoir une déflation des prix d'énergie
00:13:19
contrairement à ce qu'on peut penser. Parfait.
Donc ça va tendre les taux, les taux longs aussi.
00:13:26
Mais justement, vous dites que la BCE ne va pas
être en mesure de baisser ses taux. comme on l'a
00:13:31
anticipé il y a encore quelques mois. Elle va les
baisser, mais à 1,75, elle en est. Elle devient
00:13:39
très peu vraisemblable. Puisque c'est l'un de
vos arguments clés, est-ce que tout de même,
00:13:43
elle ne va pas être amenée à faire davantage
que ce qu'anticipe aujourd'hui le marché, qui
00:13:47
lui estime que finalement, elle ne va pas faire
autant qu'il imaginait précédemment, parce que la
00:13:52
France, l'Allemagne, sont dans des situations
assez... C'est peu enviable pour les employés
00:13:59
en euphémisme. Oui, mais c'est l'industrie qui
souffre en France et en Allemagne. L'industrie
00:14:07
italienne et l'industrie espagnole sont dans
une bien meilleure situation. Oui, mais il y
00:14:12
a une crise industrielle en Europe qui est due
essentiellement à la hausse du prix de l'énergie,
00:14:20
à la suite du début de la guerre en Ukraine, qui
est due aux incitations à délocaliser qui sont
00:14:27
organisées par les États-Unis, avec l'IRA et avec
les politiques de Trump, qui est due aussi à la
00:14:36
transition brutale de l'industrie automobile vers
la voiture électrique. et donc à la concurrence
00:14:41
des producteurs chinois de voitures électriques.
Il y a plein de causes de faiblesse de l'industrie
00:14:51
européenne qui ne vont pas se corriger rapidement.
Et la chimie, les engrais, le plastique, les
00:15:01
voitures thermiques vont rester avec une demande
interne européenne très faible assez durablement.
00:15:09
Bon, simplement, pour l'instant, si vous regardez
l'industrie, c'est 15% de l'économie européenne,
00:15:18
les services se portent pas mal. Si vous regardez
les PMI, les indicateurs avancés des services,
00:15:25
le PMI service, il est nettement au-dessus
du PMI industriel. Et pour l'instant,
00:15:31
on a une économie européenne qui est tirée par
ces services et qui se désindustrialise. Donc,
00:15:40
si vous comparez la croissance attendue de
l'Europe à la croissance potentielle de l'Europe,
00:15:45
on est à peu près au potentiel. Pour qu'on ait un
scénario de baisse beaucoup plus forte des taux
00:15:53
de la BCE, il faudrait que la BCE ne réagisse
pas à la faiblesse globale de l'activité en
00:15:58
Europe. réagit spécifiquement à la faiblesse de
l'industrie européenne. Regardez l'Allemagne,
00:16:05
on annonce sans arrêt des pertes d'emplois dans
l'industrie. Les équipements anti-automobiles,
00:16:10
les constructeurs automobiles, les E-mails
ont annoncé de grosses réductions d'emplois
00:16:18
en Allemagne. L'Allemagne continue à créer des
emplois parce que ça devient aussi une économie
00:16:23
de services. Et on a continué à créer des emplois,
y compris au quatrième trimestre en Allemagne,
00:16:30
alors que l'industrie se contraint. Donc, ce
n'est pas évident pour la BCE. Il faudrait,
00:16:40
pour baisser les taux agressivement, les
taux agressivement, c'est revenir à 1,75,
00:16:45
l'anticipation de marché. Il faudrait, un, qu'elle
fasse une croix sur l'inflation. et deux, qu'elle
00:16:51
se concentre essentiellement sur l'industrie et
pas sur l'ensemble de l'activité. Je crois que
00:16:56
c'est deux obstacles assez importants. Il y aura
des baisers taux. Je pense que les taux d'intérêt
00:17:02
de la VCE vont baisser de 50 ou de 75, soit se
base encore, mais qu'on va plutôt arriver à 250
00:17:11
ou à 225 et pas à 2 et pas à 75. Et simplement,
ça provoque une petite remontée des anticipations
00:17:18
de taux futurs. Et donc, ça provoque aussi une
petite remontée des taux d'intérêt à long terme.
00:17:24
Cette remontée des taux d'intérêt à long terme,
elle va donc refiger le marché immobilier selon
00:17:30
vous ? Oui, mais alors... Elle va tuer dans
l'œuf finalement cette amorce, j'ai dit bien
00:17:35
amorce de reprise qu'on... Oui, bien sûr. La crise
immobilière, elle n'est pas due uniquement aux
00:17:42
taux d'intérêt. Non. Elle est due aux régulations.
environnementales, vous savez que les régulations
00:17:52
en 5 ans ont augmenté à peu près de 20% le prix
d'un logement construit en France. Elle est due
00:17:59
au fait qu'il n'y a plus de construction possible,
avec le mélange de l'interdiction d'artificialiser
00:18:08
les sols et la grande réticence des élus locaux
devant la construction de programmes immobiliers.
00:18:15
Donc le potentiel de construction, alors je
parle de la France maintenant, le potentiel de
00:18:21
construction est quand même extrêmement faible en
France. Et donc, ce n'est pas uniquement un effet
00:18:27
taux. Non, non, bien évidemment. Et puis, si on a
des taux immobiliers qui remontent de 3,30 à 3,60,
00:18:34
3,70, il faut rappeler que les salaires remontent
de 2,5. Ça ne fait pas des taux d'intérêt réels
00:18:47
immobiliers anormaux par rapport à ce qu'on
a observé dans le passé. Donc il y a plein
00:18:51
d'autres obstacles au retour d'une activité plus
forte dans l'immobilier. Et le problème aussi,
00:19:03
c'est que comme il y a une rareté... À nouveau,
je parle de la France, pas de l'Ontario. Il y a
00:19:09
une rareté continue de logements. Il y a moins de
logements que ce que demanderaient les Français.
00:19:19
Il y a des estimations qui divergent beaucoup. Il
y a à peu près 2 millions de Français qui sont en
00:19:31
attente d'un logement social. Il y a probablement
entre 1 et 2 millions de Français qui sont dans un
00:19:37
logement qui n'est pas du tout aux normes, qui
a une passoire plus qu'une passoire thermique,
00:19:41
qui a un salubre, etc. Donc il y aurait un
besoin de construction immobilière qui est
00:19:46
très fort. Du coup, comme il y a une rareté
des biens immobiliers mis sur le marché,
00:19:51
ça fait que l'ajustement dans les crises se
fait par les volumes et pas par les prix. Les
00:19:58
prix de l'immobilier, ils ont baissé de 5% à peu
près l'année dernière. Ce n'est pas beaucoup et ça
00:20:07
laisse un immobilier qui est extrêmement cher. Si
vous regardez par rapport à 2000 par exemple, si
00:20:12
vous regardez le rapport du prix moyen d'un bien
immobilier au revenu disponible moyen par tête
00:20:20
des Français, ce prix moyen rapporté au revenu
moyen par tête a augmenté de 60% depuis 2000.
00:20:28
Donc on a un immobilier qui est structurellement
trop cher. Il est trop cher parce qu'il est trop
00:20:33
rare. Et donc, tant que vous ne corrigez pas la
rareté des biens immobiliers, même les baisses
00:20:41
de taux n'auront pas une énorme efficacité pour
relancer la construction neuve. Ça va relancer les
00:20:47
transactions, etc. Mais la construction neuve,
elle est bloquée. plein d'autres facteurs que
00:20:54
les taux d'intérêt. Oui, et puis la baisse des
taux, elle fait remonter aussi les prix. Et on
00:20:59
a justement ce problème d'exclusion de toute une
partie de la population du marché. Donc certains
00:21:04
sont resolvabilisés, mais il y en a beaucoup
qui ne le sont pas suffisamment pour accéder
00:21:08
à ce marché immobilier. Qu'est-ce qu'il faudrait
faire donc pour déverrouiller tout ça ? Il faut
00:21:14
construire davantage, tout simplement. Il faut
construire davantage, et dans les zones où il y
00:21:19
a besoin de logements. Donc il faut construire
davantage dans les communes où il y a des...
00:21:26
Le vrai problème, c'est que dans certains cas,
par exemple, quand vous regardez dans certains
00:21:30
cas locaux où il s'implante de l'industrie, par
exemple dans la région de Dunkerque, il s'implante
00:21:37
des gigafactories, de batteries, etc. Le problème,
c'est de trouver des personnes qui puissent
00:21:44
trouver des logements dans cette région pour aller
travailler dans ces gigafactories. Et donc la
00:21:50
pénurie de logements, ça bloque la mobilité des
salariés et ça pénalise les entreprises, parce
00:21:58
qu'elles n'arrivent pas à attirer la main-d'œuvre
dont elles auraient besoin. Et donc il faut
00:22:05
construire davantage. Il faudrait quelques années
autour de 500 000 mises en chantier par an pour
00:22:12
compenser l'insuffisance de logements. Bon. Je
vais essayer de synthétiser tout ça. Mais avant,
00:22:20
petite indication aussi à ceux qui cherchent
des idées d'investissement. Il est difficile de
00:22:25
cliquer sur le lien en haut à droite ou sur celui
qui se trouve en bas dans la description pour
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accéder à des Lives avec des analyses financières
avec lesquelles vous pouvez échanger sur les
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valeurs européennes, les plus grandes valeurs
européennes. Vous pouvez via ces liens accéder
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également à des contenus exclusifs, des cas
d'investissement, des analyses sectorielles. Donc
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si vous voulez accélérer tout ça, il vous suffit
de cliquer. Patrick, la synthèse. Donc, vous
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battez en brèche un petit peu l'optimisme ambiant
qui règne chez les professionnels de l'immobilier,
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qui voient en fait le marché se redresser
progressivement dans les mois qui viennent, avec
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un argument clé, c'est que la détente sur les taux
va se poursuivre et donc ça va resolvabiliser. une
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partie des ménages et faire remonter aussi un peu
les prix de transaction. Vous dites, le problème,
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c'est que ce raisonnement va se briser sur une
réalité, c'est que les taux ne vont pas baisser,
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ils vont même plutôt avoir tendance à repartir
à la hausse. Alors, un premier argument,
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c'est que finalement, le contexte inflationniste
demeure. On voit l'inflation sous-jacente qui ne
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baisse plus aux États-Unis et en Europe. Alors
on parle des États-Unis pour parler des taux
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immobiliers en France, mais en fait il y a des
effets papillons puisqu'il y a une transmission
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des taux d'intérêt américains aux taux européens.
Pourquoi ? Tout simplement pour des raisons
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d'arbitrage. Quand la dette américaine se paye
mieux, les investisseurs vont vers cette dette
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et ils vendent la dette européenne, ce qui fait
remonter les taux d'intérêt long terme de cette
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dette européenne. Vous dites aussi que la BCE en
dépit... du marasme économique qui règne dans les
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deux grandes économies de la zone euro, que sont
la France et l'Allemagne, ne pourra pas baisser
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ses taux aussi bas qu'anticipait le marché il y
a quelques mois. D'ailleurs, le marché commence
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à réviser ses anticipations. plutôt et à être
moins ambitieux dans les baisses de taux de la
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BCE, ou dans ses espoirs de baisse de taux de la
BCE, tout simplement parce que cette inflation
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sous-jacente est tout de même relativement solide,
on va dire, et qu'elle ne baisse plus, et pour
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vous, elle va repartir plus tôt. Donc on va avoir
une transmission des hauts taux aux États-Unis,
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hauts taux européens, qu'on observe déjà, et
dans ce contexte-là, malheureusement... on ne
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va pas avoir de détente sur les taux de crédit
immobilier. Et donc, le marché qui reste très
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fragile, puisqu'on a une pénurie de logements.
Donc, il y a bien une crise du logement, mais
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les transactions risquent d'être de nouveau au
ralenti dans cet univers où finalement les taux ne
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baissent plus et ont plutôt tendance à remonter.
Donc, ce n'est pas une très bonne nouvelle pour
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le marché immobilier. Est-ce que j'ai tout dit
? Absolument. Patrick, merci beaucoup. Merci à
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vous de nous avoir suivis. Abonnez-vous. commentez
les émissions, partagez-les, c'est très important,
00:25:16
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