Suivre un madhhab ou la preuve - Cours 2 : Causes de la divergence sur le sujet

Lors du cours précédent, nous avons esquissé trois opinions différentes sur l'adoption ou la non-adoption d'un mazhab. Aujourd'hui, nous détaillons les causes de cette dissension, au nombre de trois, telles que comptabilisées par le cheikh Souleiman. La première cause est l'incompréhension du terme 'adopter un mazhab'. Certains savants comprennent cela différemment, menant à des divergences d'opinion. Une partie des savants interprète le fait d'adopter un mazhab simplement comme une affiliation, tandis que d'autres voient cela comme s'imposer strictement les enseignements d'un imam particulier.

Dans ce contexte, adopter un mazhab signifie s'affilier à une école bien établie parmi les gens de la Sunna, comme les écoles Hanafi, Maliki, Shafi'i et Hanbali. Certains ajoutent une cinquième école, le mazhab Dhahiri. La discussion s'oriente également sur le fait de ne s'affilier à aucun mazhab et sur l'opinion du juste milieu, qui permet de suivre un mazhab sans que cela soit obligatoire ou interdit. Cela se base sur une compréhension plus large du terme parmi les savants, couvrant l'affiliation et l'absence d'affiliation avec discernement.

Le deuxième sens du terme 'adopter un mazhab' exprime l'idée de s'imposer les enseignements d'un seul imam sans s'en dévier. Certains partisans de cette opinion extrême comparent le suiveur d'un mazhab à un disciple du Prophète vis-à-vis de sa communauté, affirmant qu'il ne peut diverger des enseignements de l'imam. Cette comparaison est jugée problématique par d'autres savants qui soulignent la gravité de telles affirmations.

La compréhension rigide et fanatique de l'adoption d'un mazhab, où l'on suit les instructions d'un imam sans jamais en sortir, est considérée par certains comme du fanatisme. Ils pensent que cela côté des réalités de la divergence permise au sein de l'islam et qu’historiquement, il n'appartient qu’au Prophète de ne pas être contredit. Cette approche rigide empêche la communauté de bénéficier de la richesse des interprétations et des preuves disponibles dans les écoles islamiques.

Certains savants considérant cette approche déviante rejettent le taqlid aveugle et encouragent plutôt la recherche de la vérité à travers les preuves. La preuve doit être suivie de manière sincère et non par passion. Cela signifie rechercher des avis fiables chez des savants qualifiés, mais aussi s'assurer que l'avis retenu est choisi de manière honnête, sans se laisser guider par ses désirs propres. Toute démarche contraire est vue comme incorrecte par les savants.

Adopter un mazhab selon des opinions extrémistes est souvent basé sur la fermeture perçue de la porte de l'ijtihad. Certains prétendent que depuis l'établissement des quatre grandes écoles, aucun nouvel ijtihad ne pouvait plus être réalisé. Cependant, cela est contesté par d'autres savants qui croient que l'ijtihad est toujours ouvert pour ceux qui en ont les compétences, et que cette prétention n'est supportée par aucune preuve scripturaire.

Certaines écoles affirment que l'ijtihad ne se morcelle pas, mais cette prétention est également mise en question. Cheikh Souleiman illustre cela en expliquant que des savants peuvent atteindre un haut degré d'ijtihad dans certains aspects du fiqh sans pour autant être omniscients. Cette séparation des compétences permet de contester l'idée que l’ijtihad est une compétence unique et indivisible, tout en soulignant son importance.

Ainsi, la controverse autour de l'adoption d'un mazhab est également nourrie par des divergences sur la nature et la faisabilité de l’ijtihad. Cette approche favorise une compréhension plus nuancée, où l'ijtihad peut être réalisée par des savants dans des domaines de spécialisation concrets, permettant une interprétation et une application plus flexibles des enseignements islamiques.

Cette discussion met en relief les divergences dues à la non-réconciliation sur la terminologie et les méthodologies employées. Beaucoup de débats auraient pu être résolus en définissant clairement les termes et les concepts. Cheikh Souleiman soutient que la majorité des désaccords auraient été atténués par une meilleure compréhension mutuelle des définitions concernées.

Au cœur de ce débat subsiste une troisième cause de divergence entre savants, non encore détaillée ici, mais liée à la compréhension et à l'application des concepts d'affiliation et de fanatisme. Cheikh Souleiman encourage à éclater la terminologie pour mieux saisir les intentions derrière chaque avis.