00:00:00
Traducteur: Michele Gianella
Relecteur: Hélène Vernet
00:00:18
On ne vous voit presque pas
00:00:20
mais je savais que ça allait
être impressionnant.
00:00:22
Ce n'est pas que vous soyez 400
qui est impressionnant,
00:00:24
ni même les quelques milliers
qui vont me regarder à la télé.
00:00:29
Non, ce qui m'épate -
vous n'en avez peut-être pas conscience -
00:00:33
c'est que vous êtes
quatre cent gens...
00:00:36
à venir...
00:00:39
et vous êtes consentants, à l'avance.
00:00:42
Vous ne savez pas de quoi je vais parler
mais vous êtes consentants.
00:00:45
Alors bravo, merci pour votre confiance.
Ça vraiment, c'est super.
00:00:50
(Applaudissements)
00:00:52
Alors, on va commencer l'expérience.
00:00:55
La question « apporte-bonheur ».
00:00:57
J'ai un sujet très sérieux
à vous communiquer, à vous partager,
00:01:01
parce que c'est un élan
extraordinaire de ma vie,
00:01:04
mais je voudrais,
00:01:05
avant de passer dans des explications
un peu complexes, économiques...
00:01:13
Ah, non ! Vous n'avez rien vu.
00:01:16
Donc, avant de vous dire
de quoi je vais vous parler,
00:01:18
je voudrais vous faire vivre
une petite expérience.
00:01:22
Alors pour ça, je vais
vous demander de vous concentrer.
00:01:25
D'abord asseyez-vous.
00:01:28
Je sais que vous êtes déjà assis,
je ne suis pas que blonde,
00:01:31
mais je vous demande de vous
asseoir confortablement, consciemment.
00:01:35
Voilà, ça gigote déjà. Déjà, vous voyez.
00:01:39
Vous n'êtes pas de bons élèves;
on a entendu des bruits.
00:01:42
Donc, c'est bon ?
Tout le monde est concentré ?
00:01:45
Vous aussi derrière vos écrans,
je vous vois.
00:01:48
Je vais faire appel à votre concentration
sur vos sensations,
00:01:52
vos émotions, votre imagination.
00:01:54
Je vous demande de mettre de côté
votre petite raison qui dit :
00:01:57
« Qu'est-ce qu'elle va faire ? », etc.
00:01:59
Chuuut !
00:02:00
(Rires)
00:02:02
J'adore ma raison.
Quelquefois elle est très utile.
00:02:05
Mais quelquefois - elle adore
que je la grattouille ici -
00:02:08
il faut la calmer un peu.
00:02:09
Donc, vous faites un câlin
à vos pensées, à votre mental.
00:02:14
Vous le rangez et là...
00:02:16
Vous allez fermer les yeux,
s'il vous plaît.
00:02:19
Vous fermez les yeux et vous imaginez
00:02:23
qu'à partir du mois prochain,
00:02:27
vous recevez sur votre compte
en banque, suffisamment pour vivre.
00:02:33
Une fois, deux fois,
le mois suivant, ça se répète.
00:02:35
Et ça jusqu'à la fin de votre vie !
00:02:39
Il n'y a rien à faire, ça tombe tout cuit.
00:02:41
Si vous bossez,
c'est en plus, c'est cumulable.
00:02:44
Et ce n'est pas seulement vous,
mais vos proches aussi.
00:02:47
Alors attention, question !
00:02:50
Qu'est-ce que ça change pour vous ?
00:02:54
Avec ce revenu de base,
00:02:58
qu'est-ce que ça va changer
au niveau du travail ?
00:03:02
De la famille ?
00:03:03
Du temps libéré peut-être...
00:03:07
Du pouvoir d'achat supplémentaire...
00:03:09
Je vous laisse explorer un petit peu.
00:03:13
Goûtez-le.
00:03:16
Alors, je suis obligée de vous interrompre
parce qu'on est un peu chronométrés.
00:03:20
Je vais vous demander
de revenir parmi nous...
00:03:24
Voilà. Alors, j'ai observé
un petit peu les réactions.
00:03:28
J'ai vu des grands soupirs.
00:03:31
Je pense que là, il y a peut-être
des pensées qui vous sont venues du type :
00:03:35
« Ah, la fin de mois va être plus cool,
00:03:40
et la fin de vie aussi peut-être.
00:03:42
Et comme les enfants l'ont aussi,
00:03:44
le milieu de ma vie
sera certainement soulagé.
00:03:46
Je ne vais pas devoir bosser tout le temps
00:03:48
pour économiser
pour les sécuriser post-mortem.
00:03:51
Je vais peut-être pouvoir
les voir grandir. »
00:03:52
Çà, c'est un premier élan
qui peut vous venir.
00:03:55
Oui, le revenu de base est censé -
00:03:59
permettez-moi une fois
le jeu de mots débile -
00:04:02
combler les besoins de base.
Jusque là, ça va.
00:04:04
D'ailleurs ça tombe bien,
parce que l'article 25
00:04:07
de la Déclaration des Droits de l'homme
et du citoyen et de la citoyenne
00:04:11
cite quatre besoins.
00:04:14
Elle commence comme ça :
00:04:15
« Toute personne a droit
à un niveau de vie suffisant... »
00:04:20
Là, on pourrait s'arrêter,
mais elle cite ces quatre besoins-là :
00:04:25
alimentation, santé,
habillement, logement,
00:04:27
et après elle enchaîne sur :
00:04:29
« pour être sécurisé en cas de maladie,
de maternité, de vieillesse, etc. »
00:04:36
Donc finalement, c'est déjà un droit.
00:04:38
Il ne reste plus qu'à avoir
les moyens de ce droit.
00:04:40
Cela nous apporte un profond
sentiment de sécurité,
00:04:45
de sécurité matérielle bien sûr,
c'est la définition,
00:04:48
mais aussi de sécurité psychologique.
00:04:51
Aujourd'hui, vous connaissez
certainement des gens qui travaillent,
00:04:55
et qui pourtant connaissent
le sentiment, la peur de la précarité.
00:05:00
Après la sécurité, il y a les sourires.
00:05:02
C'est : « Ouah, tout
est possible ! C'est la liberté.
00:05:07
Tous les projets
que j'ai du laisser tomber ! »
00:05:09
Avec le temps libre
par rapport au travail,
00:05:11
tout ce qui a pu vous venir...
La liberté et la créativité.
00:05:16
Entreprendre ? Sécurisé !
00:05:18
Être artiste ? Sécurisé !
00:05:22
Inventer ? Sécurisé !
00:05:23
Faire des TEDx ? Sécurisé!
00:05:26
C'est extraordinaire !
00:05:28
Après la liberté, vient le sens,
00:05:30
parce que vos choix, vous les ferez
en cohérence avec vos valeurs,
00:05:34
avec votre rythme aussi,
00:05:35
au fil de la vie, au fil
de la semaine, au fil du mois,
00:05:38
vous pourrez gérer tout ça
et gagner en confiance en soi -
00:05:43
ce qui va avec
la confiance aux autres.
00:05:46
Alors, c'est rigolo
parce que c'est réciproque.
00:05:49
C'est un cercle vertueux
et c'est contagieux.
00:05:52
Donc la confiance est sur une base
d'égalité et de justice
00:05:57
puisque tout le monde l'a à la naissance.
00:05:59
Vous naissez reconnu comme un individu,
un être humain avec des besoins,
00:06:03
et ces besoins sont pris
en charge par la société
00:06:06
à laquelle vous participez -
ça tombe bien, c'est bien fait.
00:06:10
Et tout ça se conclut
sur le besoin de paix
00:06:14
qu'on a tous au fond de nous,
aussi différents que nous soyons -
00:06:19
on a parlé de bonheur tout à l'heure -
00:06:21
besoin de paix intérieure, individuelle,
et besoin de paix collective, sociale.
00:06:27
On ouvre là un champ énorme
sur un nouveau contrat social.
00:06:34
Tous les besoins, j'espère
vous les avoir fait un petit peu goûter
00:06:38
parce que c'était pour moi
le plus important.
00:06:41
Je pourrais m'arrêter là sauf que,
00:06:43
il y a cette petite voix que j'imagine,
vous avez aussi, qui vous dit :
00:06:46
« C'est bien de rêver
mais qu'est ce qu'on en fait ?
00:06:49
Maintenant qu'on les a alléchés,
on ne va pas les laisser comme ça.
00:06:52
La frustration, c'est mauvais
pour la santé, etc., etc.
00:06:55
Chuuut ! Ouh, c'est compliqué.
00:06:58
Donc, on va lui répondre.
00:06:59
Je vais tout vous dire ou presque,
tout ce qui rentrera dans 18 minutes.
00:07:03
Hop !
00:07:04
Le revenu de base, c'est quoi ?
00:07:06
C'est une idée, un concept,
avec plein de concrétisations différentes,
00:07:10
dans tous les sens,
avec des projets de société,
00:07:13
des leviers de financement,
plein de différences.
00:07:15
Là, je vais revenir aux fondamentaux,
à la base, la définition.
00:07:20
Le revenu de base est individuel.
00:07:23
Il est inconditionnel.
00:07:24
Vous travaillez ou pas, vous l'avez.
00:07:27
Il est cumulable avec tout type de revenu.
00:07:31
Il est inaliénable, on ne pourra
jamais vous l'enlever,
00:07:34
d'ailleurs il n'est pas imposable,
forcément...
00:07:36
Et il est universel.
00:07:38
Evidemment, on va commencer
par des expérimentations,
00:07:40
mais l'ambition est universelle
et c'est important.
00:07:43
Une fois qu'on a vu cette définition-là -
00:07:46
maintenant vous savez de quoi je parle -
on peut parler sur des bases communes.
00:07:51
Alors, cette petite voix qui va
vous parler a trois type d'objections.
00:07:55
Ce sont par exemple :
00:07:57
"Ah non, ça ne va pas
du tout. Pas d'accord !
00:08:00
Il y a un mot de la définition
qui me bloque.
00:08:03
'Inconditionnel' par exemple.
00:08:06
Enfin, on ne va pas donner de l'argent
à rien faire ! Vous rigolez ? »
00:08:11
Bon ça se fait déjà, on a un filet social
en France, heureusement.
00:08:14
Mais voilà, il peut y avoir
des blocages comme ça
00:08:17
qu'on va appeler
« la valeur travail », etc.
00:08:19
Il y a des réponses possibles,
on pourrait en discuter des heures
00:08:24
mais, je n'ai pas le temps,
donc très rapidement :
00:08:27
quand je garde ou fait garder mon enfant,
c'est quoi la différence ?
00:08:30
Hé bien, d'un côté
c'est rémunéré, de l'autre non.
00:08:33
Pourtant, la vertu sociale est la même.
00:08:35
N'y a-t-il pas des métiers
qui peuvent être inutiles
00:08:37
ou voire nuisibles à l'environnement,
à notre santé, etc. ?
00:08:40
Est-ce que la rémunération est
une reconnaissance de l'utilité sociale ?
00:08:46
Pas forcément.
00:08:47
Après il y a la question
de la productivité
00:08:49
qui explose et devrait
nous libérer du temps.
00:08:52
Les machines, les logiciels,
ça sert à quoi
00:08:55
si ce n'est libérer l'homme
et la femme du travail.
00:08:58
Alors, on pourrait partager ce temps
libéré, les bénéfices aussi d'ailleurs.
00:09:03
Mais, on ne le fait pas.
00:09:05
Donc voilà, il y a ce type de réponse.
00:09:07
Je ne peux pas rentrer dans chaque mot
ou chaque contre-arguments.
00:09:13
Je vous laisserai le loisir
de les étudier plus tard.
00:09:16
Le deuxième type d'objection, c'est :
00:09:19
« Oui, mais attention !
00:09:20
Si on installe un revenu de base,
il risque d'arriver des dérives. »
00:09:24
C'est vrai.
00:09:26
Alors, d'abord, bravo !
00:09:28
Tu as réussi à passer
la première étape : l'utopie.
00:09:31
C'est dire : « Oui, c'est une utopie,
ce n'est pas possible »,
00:09:34
donc, on jette à la poubelle,
on ne regarde même pas.
00:09:37
Là, vous avez vu,
il y a quand même un « oui ».
00:09:40
Bon, il y a un «mais »,
mais c'est un « mais » constructif.
00:09:44
Si par exemple, vous dites :
00:09:45
« Avec un revenu une base,
il risque d'y avoir
00:09:49
la hausse des prix
ou la baisse des salaires. »
00:09:52
Oui, possible.
00:09:54
Donc, on prend ça
en compte, puis on se dit :
00:09:56
« Qu'est-ce qu'il faudrait faire
pour éviter ça ? »
00:09:59
On peut mettre en place
telle et telle mesure
00:10:01
qu'on va ajouter au revenu de base
pour en faire un projet de société.
00:10:04
Finalement, un revenu
de base, c'est quoi ?
00:10:06
C'est un outil, et ça dépend comment
on va l'utiliser, dans quelle intention.
00:10:11
Le dernier type d'argument,
c'est le « Oui, mais comment ? »
00:10:15
Grande angoisse aussi !
00:10:17
Alors là, double félicitation :
00:10:18
non seulement vous êtes passés
au-dessus de l'utopie,
00:10:21
mais vous avez réussi
à surmonter les peurs
00:10:23
en les transformant en moteurs.
00:10:26
Et donc, on arrive à la faisabilité.
00:10:29
On arrive aux premières
réflexions de transition.
00:10:33
Nos politiques sont à ce niveau-là.
00:10:36
Nous, pas encore; il est temps
qu'on les rejoignent,
00:10:38
parce qu'ils ont un peu besoin
de nous pour les guider.
00:10:42
Donc, après les contre-arguments,
je vais répondre quand même,
00:10:45
parce que je la connais,
cette raison-là et j'en ai entendu.
00:10:49
C'est toujours la même
[question] qui revient :
00:10:52
« Oui, mais comment ça se finance ?
Où est-ce qu'on va trouver l'argent ? »
00:10:56
On est bien conditionnés
00:10:58
parce que chaque bonne idée,
on la conditionne d'avance au financement,
00:11:02
alors que ça pourrait être le contraire.
00:11:05
Mais, ce n'est pas grave,
je vais lui répondre.
00:11:07
Hop !
00:11:09
La première chose, c'est d'abord
qu'il y a plein de financements.
00:11:13
Plein !
00:11:14
Il y a plein de recherches partout.
00:11:16
Alors, imaginons :
00:11:18
« Allez braves gens,
c'est ma dernière offre,
00:11:21
2 000 euros par mois pour tout le monde.
00:11:23
Allez, dépêchez-vous d'en profiter
00:11:25
ça sera pas pour tout le monde,
ça ne sera pas tout le temps, etc..»
00:11:28
Et alors là, vous voyez l'astérisque ?
00:11:32
« Et nous privatisons
tous les services publics,
00:11:36
la sécu, les retraites, etc. »
00:11:40
« Ah, pas bon ! » Méfiez-vous.
00:11:42
Il y a des régressions sociales
qui se cachent parmi les revenus de base.
00:11:46
Un revenu de base n'est pas fait
pour faire des économies.
00:11:50
Un revenu de base,
c'est une avancée sociétale
00:11:53
du même ordre que le droit
de vote universel,
00:11:58
ou alors la sécu elle-même,
ou le droit au logement, etc.
00:12:03
Les premières versions
qu'on pourra soutenir,
00:12:06
c'est celles qui sont
de l'autofinancement,
00:12:08
c'est-à-dire on prend toutes les aides
que l'Etat donne déjà,
00:12:11
on les met dans un grand sac,
puis on le découpe et on le répartit.
00:12:16
Tout le monde a la même chose.
00:12:19
On arrive à des montants
d'à peu près 500 euros,
00:12:23
en France, par personne et par mois.
00:12:25
C'est le montant des minima sociaux.
00:12:27
Objectif : simplifier
la redistribution par l'Etat.
00:12:31
Donc, on rationalise un petit peu
les différents services, etc.
00:12:35
On simplifie aussi
pour ceux qui le reçoivent
00:12:37
parce que remplir des dossiers,
c'est souvent humiliant,
00:12:40
et il y a une sacrée stigmatisation
qu'on minimise souvent.
00:12:44
On ne touche pas trop
aux inégalités sociales
00:12:46
mais on enlève la grande pauvreté
00:12:48
car au moins, notre filet
de protection n'a plus de trous,
00:12:50
vous savez, les 18-25, le premier
enfant par rapport au deuxième, etc.
00:12:56
Donc ça, c'est le premier levier,
00:12:57
après, tous les autres leviers
vont avoir pour ambition
00:13:02
d'atteindre de plus en plus
le seuil de pauvreté
00:13:05
qui en France avoisine les 1 000 euros.
00:13:08
On essaye d'arriver
à une certaine suffisance -
00:13:11
le mot est toujours discutable -
00:13:13
mais vers 1 000 euros, on peut estimer
qu'on a atteint le seuil de pauvreté.
00:13:18
Après, on va de plus en plus
vers une émancipation de l'individu
00:13:22
par rapport à son patron,
par exemple,
00:13:24
pouvoir négocier ses conditions de travail
00:13:26
jusqu'à quelquefois
pouvoir refuser un travail, etc.
00:13:29
Pour y arriver, il y a
des leviers de fiscalité.
00:13:33
Là, je peux vous faire
une heure minimum sur la fiscalité,
00:13:36
et encore, j'y connais rien.
00:13:38
Vous allez taper « Revenudebase.info »
00:13:41
pour compléter ce TEDx
qui ne dure que 18 minutes à peu près.
00:13:45
Bref, des fiscalités dans tous les sens,
00:13:47
des taxes, de l'impôt sur revenu,
de la cotisation,
00:13:50
il y a plein de recherches en cours
00:13:52
qui vont varier dans des montants
entre 700 et 1 500 euros.
00:13:57
On peut avoir aussi
une réflexion plus générale :
00:14:00
Pourquoi un revenu que monétaire ?
00:14:02
On peut le transformer en services,
élargir services publics, biens communs,
00:14:05
au niveau local et national,
tout est possible, et recherché aussi.
00:14:08
La création monétaire :
elle est souvent méconnue.
00:14:11
Nous avons la monnaie locale
qui va, adossée à l'euro,
00:14:16
fructifier l'économie sociale
et solidaire d'un territoire ;
00:14:20
on a la monnaie nationale, possible,
la monnaie européenne.
00:14:23
Savez-vous que la BCE,
notre Banque Centrale Européenne,
00:14:28
crée 80 milliards d'euros,
00:14:32
à partir de rien puisque
ce n'est évidemment plus de l'or,
00:14:36
tous les mois, qu'elle distribue
d'un côté aux banques privées,
00:14:39
de l'autre côté aux grandes entreprises.
00:14:44
Ça donne envie ?
00:14:45
Il y a un projet qui dit
que tout cet argent-là,
00:14:48
on pourrait le donner directement
à chacun et chacune,
00:14:52
chaque citoyen européen pourrait avoir
00:14:54
environ 150 euros
par mois et par citoyen. »
00:14:59
Nous, on l'utiliserait comment ?
00:15:00
On l'utiliserait dans nos frais
de tous les jours,
00:15:03
c'est-à-dire dans l'économie réelle -
00:15:05
une sacrée plus-value
pour l'économie européenne.
00:15:08
Et il y a les monnaies libres
qui elles, sont sans frontières,
00:15:11
qui existent déjà - vous tapez
sur internet, vous trouvez tout.
00:15:14
Le dernier levier n'est pas quantifiable
mais on a quand même quelques indices,
00:15:20
et vous remarquerez
la transition habile de la speaker
00:15:24
puisque je passe des économies prévisibles
00:15:27
aux expérimentations
qui nous ont donné ces indices-là.
00:15:30
Par exemple au Canada,
00:15:33
ils ont fait une expérience
sur deux villes.
00:15:35
Je ne vais vous donner qu'un chiffre
pour être succincte et efficace :
00:15:40
8,5 % en moins d'hospitalisations.
00:15:46
Ça fait rêver.
00:15:47
Surtout en maladie professionnelle,
en accident du travail
00:15:51
et tout ce qui est maladie « psycho. »
00:15:54
Quand on sait que les Français
sont les champions des antidépresseurs,
00:15:59
il y a certainement
un filon d'économies par là.
00:16:02
J'enchaîne avec les Etats-Unis
qui ont fait plusieurs expérimentations,
00:16:05
notamment quatre dans les années 60-70.
00:16:09
Eux, leur angoisse, c'était :
00:16:11
« Oui mais, si on donne un revenu de base,
plus personne n'ira travailler.»
00:16:15
Donc, ils ont compté
les heures de travail,
00:16:17
et figurez-vous que si,
les gens continuent à travailler.
00:16:21
Masos ou pas, je n'en sais rien,
00:16:22
mais il n'y a que deux
catégories de personnes
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qui travaillent sensiblement moins,
entre 10 et 30 % :
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les étudiants et les jeunes mamans.
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Pas besoin de sous-titrer pourquoi.
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Donc à priori, c'était
une super expérimentation
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mais il y a eu un petit dégât collatéral,
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quelque chose de rien du tout,
mais qui en a inquiété certains :
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c'est le nombre de divorces.
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On est dans les années 70
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et les dames n'avait pas d'autonomie
financière à cette époque-là,
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et donc recevoir le revenu de base,
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leur a fait regarder un peu
différemment leur relation conjugale.
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C'est malheureux à dire mais oui,
certaines se sont dit :
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« Ma relation conjugale n'est
que de la sécurité financière. »
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Les conservateurs ont hurlé :
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« Ah ! On détruit la cellule familiale,
on détruit toute la société américaine !»
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Sauf que dans l'expérimentation
qui a duré onze ans,
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le taux de mariage remonte,
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donc ça prouve que ce n'est pas
un problème avec le mariage,
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mais par contre un bon indice
d'émancipation féminine dans le couple -
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je pense qu'on pourrait
l'espérer encore aujourd'hui -
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mais aussi, pourquoi pas, l'élargir
avec l'employeur ?
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Les femmes sont aujourd'hui,
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celles qui subissent le plus
de temps partiel non choisi,
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d'inégalités salariales, etc.
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J'enchaîne avec l'expérimentation en Inde
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qui a été initiée par l'UNICEF
et un syndicat de travailleuses.
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Alors là, extraordinaire !
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Les résultats :
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endettement divisé par trois,
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scolarité multipliée par trois,
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x 3 aussi d'activités économiques,
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des investissements sur la santé,
la scolarisation des enfants,
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le logement, surtout en termes sanitaires,
et les outils de travail ;
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et avec tout ça, moins 14 % d'anxiété.
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Ne me demandez pas
comment ils ont testé ça,
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mais, le chiffre est intéressant.
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Je termine avec
un dernier exemple : la Namibie.
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Pendant deux ans, un village
de 1 000 habitants
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Je vous passe les effets
qu'on a déjà vu ailleurs :
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scolarisation 92 %, meilleure santé,
activité économique qui explose, etc.
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Il y a aussi un effet en plus,
c'est la baisse de la criminalité.
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Oui, ça sert à quoi d'aller
tout casser, de frauder et de voler
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alors qu'on a ce qu'il nous faut ?
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Voilà, donc ce sont des effets
qui ne sont pas tous transférables
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mais qui sont intéressants.
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Il y a, dans cette expérimentation,
un autre effet intéressant,
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c'est que le FMI est intervenu.
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Il a vérifié tous les chiffres,
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parce que cette expérience-là,
il fallait vérifier sa rentabilité.
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Il a dit « Non, ce n'est pas possible.
ce n'est pas rentable du tout, regardez !»
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Et les citoyens,
ces irréductibles villageois,
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se sont constitués en comité
et ont montré
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que le FMI s'était « trompé »
dans ses chiffres.
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En fait, c'était complètement rentable,
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et pas seulement financièrement
mais en termes humains aussi,
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en « coût humain » comme on dit.
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Et ils se sont, avec leurs petits comités,
leurs petits bras et leurs petites jambes,
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ils sont allés voir
tous les villages alentour
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et ils ont sillonné toute la Namibie
pour témoigner.
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Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'il se passe ?
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Le ministère est en train
de réfléchir très sérieusement
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à une généralisation du revenu de base
sur tout le territoire.
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Je ne vais pas pouvoir tout vous dire -
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[Voir] Revenudebase.info
en sortant d'ici -
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mais, il y a des expérimentations
partout, passées, en cours et à venir.
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Je conclurai sur un petit
point intéressant,
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que vous voyez à peu près
au milieu de l'Europe
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et qui s'appelle la France.
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Il y a des projets en France déjà,
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au niveau d'un éco-hameau,
d'un département,
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d'une région, d'une nation.
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Donc je conclurai là-dessus :
le revenu de base est déjà là.
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La question maintenant c'est, lequel ?
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Lequel vous ferez exister ?
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Alors au boulot !
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Merci !
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(Applaudissements)