00:00:00
Vous trouvez pas que
j’ai changé ? Regardez un peu.
00:00:02
Vous avez vu, là ? Tous ces
changements ? C’est fou non ?
00:00:04
[Rick : J'en sais rien moi ! J'suis
comme vous, je découvre le truc, là !]
00:00:07
Bah si ! Bah si, parce que je
sais pas si vous êtes au courant,
00:00:10
mais il ne se passe pas un
moment sans qu’on change en fait,
00:00:12
rien qu’à cause du temps qui
s’écoule : notre corps change,
00:00:14
mais aussi notre caractère, nos opinions…
00:00:16
Mais est-ce qu’il n’y a pas
quand même quelque chose en moi
00:00:19
qui résiste à tous ces changements ?
00:00:20
S'il y a bien une question à
laquelle c’est un peu difficile de répondre
00:00:22
c’est “Qui suis-je ?” Et j’espère
que vous êtes bien accrochés,
00:00:25
parce que c’est parti pour
une nouvelle Antisèche !
00:00:27
♫ Générique ♫
00:00:33
Avant de commencer, on va bien faire
attention aux concepts qu’on va utiliser.
00:00:36
Aujourd’hui on va parler de
conscience, mais au sens psychologique.
00:00:38
Et au sens psychologique, la conscience
c’est la capacité de représentation
00:00:42
de nous-même et du monde extérieur.
00:00:43
C’est à la fois ce qui nous met en
contact avec le monde et avec nous-mêmes,
00:00:47
et à la fois ce qui nous permet de
prendre du recul par rapport au monde
00:00:50
et par rapport à nous-mêmes.
00:00:51
Une autre notion super importante
qu’on va utiliser, c’est l’inconscient.
00:00:54
L’inconscient, c'est une
hypothèse formulée par Freud
00:00:57
et qui désigne une
instance du psychisme extérieur
00:01:00
et indépendant de la conscience
et qui nous détermine à notre insu.
00:01:03
Et cette hypothèse elle est plutôt pas
mal, parce qu’elle permet d’expliquer
00:01:06
ce dont la conscience ne peut rendre con.
Pardon, ce dont elle peut rendre compte !
00:01:10
Comme les lapsus par exemple, ou les rêves.
00:01:11
Comme on vient de
bien définir nos concepts,
00:01:13
on peut revenir à nos moutons
et poser notre problématique du jour :
00:01:16
Y a-t-il une réponse exacte
à la question “Qui suis-je ?” ?
00:01:20
♪ Musique ♪
00:01:22
Le fait de vivre en société, ça donne à
chaque individu une identité déterminée :
00:01:26
par exemple moi, je suis une
date de naissance, un prénom,
00:01:28
un nom, un sexe, un statut
social, familial, une nationalité…
00:01:31
C’est ce qu’on appelle l’identité sociale.
00:01:33
Et elle semble pouvoir répondre
à notre question “Qui suis-je ?”
00:01:35
D’ailleurs je sais pas si vous avez
remarqué, mais cette identité sociale,
00:01:37
c’est la première qu’on donne de
nous quand on se rencontre quelqu’un.
00:01:39
“Salut, j'suis Cyrus, je suis
français, et je suis un homme, Et toi ?”
00:01:42
Cette identité nous
permet de vivre en société.
00:01:44
Grâce à elle on se situe
facilement les uns par rapport aux autres.
00:01:46
C’est pas suffisant pour se définir.
00:01:48
Parce que d’abord, c’est pas
suffisant pour bien connaître quelqu’un,
00:01:50
on tombe pas amoureux
d’un métier ou d’un numéro de sécu
00:01:53
Ou alors t’es un peu chelou,
00:01:54
mais en plus, on s’est déjà tous posé
des questions sur son identité profonde,
00:01:57
ou alors t’es vraiment chelou.
00:01:58
Par exemple, on a déjà tous pu : se sentir
super mature alors qu’on a que 12 ans,
00:02:02
se questionner sur
son orientation sexuelle,
00:02:04
se sentir aliéné dans un taf'
qui ne nous correspond pas…
00:02:06
C’est très dur de faire coïncider
identité sociale et identité intérieure.
00:02:10
Car oui, on peut essayer de trouver une
réponse à notre question "Qui suis-je ?"
00:02:13
en se détachant des apparences extérieures,
00:02:15
pour trouver une vérité intérieure.
00:02:17
[You are bizarre (tu es bizarre)]
00:02:18
Y a un mec un peu connu,
René Descartes qui a dit un jour :
00:02:20
“Je pense, donc je suis”.
00:02:22
Ce qui veut dire que même si je
ne sais pas exactement qui je suis,
00:02:24
je sais au moins que je suis une pensée.
00:02:26
C’est la seule certitude que je peux avoir
sur moi-même, je peux douter de tout,
00:02:29
mais pas du fait que moi je
doute, pas du fait que moi je pense
00:02:31
pas du fait que j’existe.
Notre ami Descartes, il a aussi dit ça :
00:02:39
Alors dans le vocabulaire
de Descartes, la pensée
00:02:41
c’est ce que nous on appelle la
conscience, c’est à dire la faculté
00:02:43
de se représenter ce qui
se passe dans notre esprit.
00:02:45
Donc pour lui, l’homme se connaît
comme conscience, c’est à dire
00:02:48
que la seule chose dont il est vraiment
certain, c’est d’être une conscience.
00:02:51
Descartes pose donc une équivalence :
00:02:55
Si on accepte cette idée, on a notre 1ère
réponse à la question : “Qui suis-je ?"
00:02:59
Je suis une conscience.
00:03:00
[Applaudissements]
00:03:02
Mias du coup, y a quand même
quelques trucs qui me chiffonnent.
00:03:04
Dire que je suis une conscience, est-ce
que c’est suffisant comme réponse ?
00:03:07
Parce que ok,
la conscience définit l’être humain,
00:03:09
mais elle ne m’aide pas à me
définir moi comme être unique.
00:03:11
Est-ce que mon intériorité,
elle se réduit à la conscience ?
00:03:14
Regardez, tout à l’heure
je vous parlais de lapsus.
00:03:16
Un lapsus révélateur, c’est un mot
qu’on ne voulait pas prononcer à la baise,
00:03:19
et qu'on dit à la place d’un autre.
00:03:21
Mais il est appelé “révélateur” car
il dévoile une pensée inconsciente,
00:03:24
cachée, que la conscience ne voit pas.
00:03:25
Du coup, on peut se
demander : " Quel est alors le statut
00:03:27
de cet inconscient par
rapport à notre identité ?"
00:03:30
♪ Musique ♪
00:03:33
Est-ce que comme l’a dit
Descartes, conscience = psychisme ?
00:03:36
On a un rapport imaginaire à nous-même.
Par exemple quand on dit “je” ou “moi”,
00:03:38
on pense être transparent à nous-même. Et
c’est pas Freud qui va dire le contraire,
00:03:41
contraire, car il dit dans son
Introduction à la psychanalyse,
00:03:45
Avoir conscience de soi, ça ne suffit pas
à répondre à la question “Qui suis-je ?”
00:03:48
car la conscience c’est
qu’un effet de surface
00:03:50
de l’inconscient, la
partie émergée de l’iceberg.
00:03:53
On cohabite avec un autre en nous.
00:03:54
Une sorte de coloc qu’on n’a
pas trop trop choisi, quoi.
00:04:00
L’inconscient est une zone de notre
intérieur, inconnue de la conscience.
00:04:03
Mais Freud montre que
c’est notre inconscient
00:04:05
qui détermine notre pensée consciente.
00:04:07
Et pour y parvenir, il va
distinguer 3 instances du psychisme :
00:04:12
D’abord le Ca. Il cherche constamment
à satisfaire les pulsions sexuelles,
00:04:15
la libido et les pulsions mortelles.
00:04:16
Elles sont inconscientes et
obéissent à ce que Freud appelle
00:04:20
En gros, c’est là que vont naître
toutes nos pensées les plus inavouables.
00:04:25
Puis Freud va distinguer le Surmoi.
C’est le gendarme en gros.
00:04:28
Il prolonge en nous l’influence
de nos parents et de la société,
00:04:30
c’est l’intériorisation inconsciente
des interdits parentaux et sociaux.
00:04:34
Son rôle, c'est d’empêcher
les pulsions du Ça de se réaliser.
00:04:36
C’est lui qui va, par exemple que coucher
avec ta mère, ça se fait pas trop trop.
00:04:39
[Cris d'effrois]
00:04:43
Et enfin, dernière instance, le Moi.
C’est l’être de surface qui fait l’arbitre
00:04:47
entre les exigences du Ça
et les interdits du Surmoi.
00:04:50
Et il faut bien adapter les pulsions
du Ça aux règles de la société,
00:04:53
et ce processus s’appelle
la sublimation. Sublimer,
00:04:55
ça consiste à
transformer une pulsion du Ça,
00:04:57
en un désir moralement
et socialement accepté.
00:04:59
Par exemple, selon Freud,
l’amour de Dieu ou de ses parents,
00:05:02
se sont des sublimations de
la libido. C’est un peu gênant...
00:05:05
Et le sport de compétition
ou l’ambition politique,
00:05:07
ce sont des sublimations de l’agressivité.
00:05:12
Mais il peut arriver que l’adaptation de
ces pulsions à la réalité soit impossible.
00:05:15
Le Moi refoule alors les pulsions
du Ça, et les oublie. Mais attention !
00:05:19
Oubliées ne veut pas dire
effacées ! Elles sont toujours là,
00:05:21
dans le Ça, et continuent
de déterminer notre identité.
00:05:23
Je peux donc dire que je
suis déterminé malgré moi,
00:05:26
par un inconscient qui
décide tout pour moi.
00:05:28
Si on suit cette
hypothèse de l’inconscient,
00:05:30
la seule manière de se connaître serait
de réussir à interpréter cet inconscient.
00:05:33
Et ça, c’est possible que par la
médiation de la psychanalyse,
00:05:36
qui permet de faire remonter à la surface
l’inconscient pour en prendre conscience.
00:05:39
On peut donc dire que la
psychanalyse permet de comprendre
00:05:42
ce qui me détermine
pour mieux me connaître.
00:05:44
[Applaudissements]
00:05:46
Mais coup, y'a des nouvelles
questions qui se posent :
00:05:47
Est-ce que la lucidité que j’ai sur ce qui
me détermine suffit à me connaître ?
00:05:50
Et est-ce que je suis seulement ce
que mon inconscient fait de moi ?
00:05:53
♪ Musique ♪
00:05:56
On vient de voir qu’avec
Freud, se connaître soi-même
00:05:58
c’est savoir ce qui nous détermine.
00:05:59
Mais l’homme est-il vraiment
déterminé à être ce qu’il est ?
00:06:02
Genre, est-ce que je ne suis pas
libre de devenir ce que je veux ?
00:06:05
♪ Musique Jazz ♪
♪ Jamiroquai - Canned Heat ♪
00:06:08
Pour Sartre, l’homme ne
se définit QUE par sa liberté.
00:06:11
Et pour l’expliquer, il va analyser
un objet super simple : le coupe-papier.
00:06:13
Le coupe-papier, c’est un
objet qui possède une utilité
00:06:16
que l’artisan connaît
avant de le fabriquer.
00:06:17
L’essence, c’est le
concept du coupe-papier,
00:06:19
qui précède et détermine son existence.
00:06:22
Il faut qu'il soit pensé et
défini avant d’être fabriqué.
00:06:25
Comme ça, son existence
correspond à son essence,
00:06:27
parce que sinon ce ne
serait pas un coupe-papier.
00:06:28
On ne peut pas fabriquer un coupe-
papier si on ne sait pas ce que c’est.
00:06:30
Donc là, l'essence
précède l’existence.
00:06:33
Mais bon, c’est bien beau de prendre cet
exemple, mais jusqu’à preuve du contraire,
00:06:35
l’homme c’est pas un objet. Car l’homme
00:06:37
c’est pas un concept
conçu par un grand artisan.
00:06:39
[Il commence à m'agacer ! À m'agacer !]
00:06:44
Oui, Sartre est plutôt athée.
00:06:46
Pour lui l’homme n’est
donc pas défini à l’avance.
00:06:48
Il n’est pas déterminé à être ce qu’il est
00:06:50
car tout simplement,
au départ il n’est rien.
00:06:56
L'homme est donc le seul être pour
qui “l’existence précède l’essence”.
00:06:58
Il n’a pas de nature déterminée, il se
construit tout au long de son existence.
00:07:01
On ne naît pas pour devenir
boucher ou Youtubeur par exemple,
00:07:04
on le devient au fur et à mesure de sa vie.
00:07:06
Et même si on le devient un jour, ça veut
pas dire qu’on le restera toute sa vie.
00:07:09
On peut toujours être
autre chose si on le veut.
00:07:11
♪ Un jour, je serais le meilleur dresseur ♪
00:07:15
Mais du coup,
ça m'embête un peu cet histoire,
00:07:17
parce qu’on dirait qu’il n’y a aucune
réponse à la question “Qui suis-je ?”
00:07:20
Et si y a pas de réponses, y a
aucun moyen de se rassurer :
00:07:22
exister en fait c’est
être dépourvu d’essence.
00:07:24
Il n’y a pas de “nous-mêmes”,
fixe, auquel on peut se référer.
00:07:27
Au lieu d'une essence, ou
d’un modèle… il n’y a qu’un vide...
00:07:33
Et ça, c’est un peu
flippant on est d’accord.
00:07:35
Mais Sartre définit cette angoisse
comme le sentiment de liberté.
00:07:37
Et le propre de l’angoisse,
contrairement à la peur,
00:07:39
c’est qu’elle ne porte
pas sur un objet précis.
00:07:41
On a peur des araignées
par exemple, ou des clowns.
00:07:43
♪ Un clown chantant dans un opéra ♪
00:07:48
Mais dans l’angoisse, on
découvre que ce qui nous angoisse,
00:07:53
Et pour Sartre, y a une autre
donnée importante, c’est la mauvaise foi.
00:07:55
Pour lui, être de mauvaise foi, c’est
nier sa liberté pour fuir l’angoisse,
00:07:59
s’inventer une essence, imaginer
un inconscient qui nous détermine,
00:08:01
pour apaiser cette angoisse d’être libre.
00:08:03
Par exemple, on a tous entendu au
moins une fois quelqu’un nous dire
00:08:05
“Je suis timide, mais c’est pas
ma faute, c’est ma nature”.
00:08:13
Et bien ça pour Sartre c’est un mensonge !
00:08:15
La mauvaise foi c’est une tentative
de mensonge vis-à-vis de soi-même.
00:08:18
Mais c’est juste une
tentative, parce que au fond,
00:08:19
on sait qu'on n’est pas déterminé,
et qu’on est totalement libre.
00:08:22
Du coup Sartre nous aide pas trop à
répondre à la question “Qui suis-je ?",
00:08:24
car comme il l’a montré, il n’existe
aucune essence de ce que nous sommes.
00:08:27
♪ Musique ♪
00:08:30
Donc prendre conscience de soi,
c’est douter de toute réponse
00:08:33
exacte et définitive à
la question “Qui suis-je ?”.
00:08:42
Cette phrase tu me l'apprends par coeur et
tu la cales en soirée. Effet garanti mon pote !
00:08:46
Mon conseil, c’est que si le
sujet : “La question qui suis-je
00:08:48
admet-elle une réponse
exacte ?” tombe au bac,
00:08:50
il faudrait analyser un peu plus
qu’ici, ce qu’est une “réponse exacte”.
00:08:53
Mais si les notions de
conscience ou d’inconscient tombent,
00:08:55
alors là peu importe le sujet,
il faut citer sans hésiter Descartes,
00:08:58
Freud, et Sartre.
Allez, ton récap.
00:09:34
Si t'es là pour tes révisions,
te souhaites bon courage,
00:09:37
et si t'es juste là pour le kiff,
00:09:39
racontes moi ton rêve
d'hier soir, ça m'fera plaisir !
00:09:41
Si tu vas rêver maintenant, j'te
souhaites de... Fais de beaux rêves !
00:09:44
Fais de beaux rêves vraiment. Voilà !
00:09:47
Tu passes le bac cette année ?
00:09:48
T'inquiètes ! L'Antisèche est là !
00:09:49
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