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Boire l'eau du robinet, c'est un geste
simple qu'on fait tous au quotidien.
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Mais est-ce que vous vous êtes déjà posé
la question d'où venait cette eau ?
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Parce que moi je me la suis posée et
aujourd'hui, je vais tout vous expliquer.
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Et pour ça, je vous emmène à la source.
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L'eau qui sort de nos robinets,
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ce que l'on appelle l'eau courante
peut être produite de deux manières
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très différentes.
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Le premier endroit où on peut la puiser,
c'est ici,
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dans les fleuves et les rivières.
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Là, je suis au bord de la Marne
et c'est cette eau et celle de la Seine
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qui alimentent 50 % de la production
d'eau courante à Paris.
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Le verre d'eau que j'ai bu tout à l'heure
provient donc peut-être d'ici.
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On appelle cette eau de surface
parce qu'elle est en surface et le reste,
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les 50 autres % qui alimentent
Paris en eau courante proviennent d'ici.
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Alors, vous allez me dire : "Yvan,
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ça c'est un champ, il n'y a pas d'eau !"
mais dans le sous-sol, vous ne le voyez pas,
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mais là il y a beaucoup d'eau.
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C'est ce qu'on
appelle les nappes phréatiques.
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Il y en a une vingtaine qui permettent
d'alimenter la capitale, dont certaines
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se trouvent à plus de 150 kilomètres
jusqu'en Normandie.
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Je ne sais pas si c'est cette direction,
mais vous avez l'image.
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Alors n'imaginez pas
de grands lacs souterrains.
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En réalité, une nappe phréatique,
ça ressemble plutôt à ça.
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Une roche poreuse dans laquelle l'eau
s'est accumulée. Quand il pleut,
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l'eau s'infiltre dans le sol
et elle s'y enfonce jusqu'à rencontrer
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une couche imperméable.
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C'est à ce moment qu'elle s'arrête
et commence à s'accumuler dans la roche,
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un peu comme l'eau
contenue dans une éponge.
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Et quand on cherche à la récupérer,
il suffit de creuser de longues galeries
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dans le calcaire
pour que l'eau en ressorte naturellement.
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C'est ce qu'on appelle l'eau de source.
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Mais il existe un autre type de nappe
phréatique dans laquelle l'eau de pluie
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s'accumule sans pouvoir en ressortir
et finit par être sous pression.
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Et pour la récolter, il suffit
de forer la roche pour qu'elle jaillisse.
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Quand on extrait de l'eau, qu'elle vienne
de surface ou de nappe phréatique,
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on ne peut pas la boire telle quelle parce
qu'elle est impropre à la consommation.
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Prenons l'exemple de la Marne.
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Je ne vous conseille pas de la boire
comme ça, parce que "on the rocks",
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on y trouve des bactéries,
des virus, des hydrocarbures
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et tout un tas de polluants
liés à l'activité humaine.
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L'eau des nappes phréatiques
est souvent moins polluée.
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D'ailleurs, les deux tiers de ces eaux
sont potables, du moins tant
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qu'on les laisse là où elles sont,
c'est-à-dire dans le sous-sol.
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Mais dès lors
qu'on cherche à les récupérer,
00:02:14
on les contamine
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parce que les instruments de forage
transportent avec eux
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les pesticides, les bactéries et les virus
qui se trouvent dans le sol.
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Et lorsqu'ils finissent par atteindre
la nappe, souvent ils la contaminent.
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Mais c'est pas fini.
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Parce que la contamination
se produit aussi au moment du transport.
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L'eau transite dans des aqueducs
où elle se charge à nouveau en bactéries
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et en polluants de toutes sortes.
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Et c'est sans parler
de certaines nappes phréatiques
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qui sont déjà polluées
avant d'être exploitées.
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Toujours à cause des activités humaines.
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Résultat, dans certaines régions
de France, l'eau qui sort de nos robinets
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est parfois polluée.
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C'est ce qu'indique un rapport du
ministère de la Santé en décembre dernier.
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Je cite : "84,6 % de
la population a été alimentée par une eau
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dont la qualité respectait en permanence
les limites de qualité fixées
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par la réglementation."
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Ça laisse donc 15 % de la population pour
qui ces limites ne sont pas respectées.
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Je suis ici à Joinville-le-Pont,
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à une quinzaine de kilomètres de Paris.
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Et le bâtiment que vous voyez derrière moi,
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c'est une usine de traitement des eaux
qui traite l'eau de la Marne.
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- Benjamin, est-ce que tu peux
nous expliquer ce qui se passe ici ?
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- Alors ici, on est sur une usine
de production d'eau potable.
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On produit de l'eau à partir de l'eau de la Marne,
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qui est une rivière qui va se jeter dans la Seine.
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À partir de cette eau, à travers différentes étapes,
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on va finir par arriver à l'eau du robinet
des Parisiens.
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On a deux grosses étapes qui vont être
la clarification, où on va enlever tout
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ce qui est dans l'eau, qui est visible,
on va dire, pour schématiser,
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et on va préparer la seconde étape
qui est l'affinage.
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L'affinage, c'est pour enlever
tout ce qui va être bactéries,
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qui va être micropolluants,
tout ce qui est lié
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aux pesticides, notamment
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tout ce qui est odeur,
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saveur qui pourrait être liée à l'eau
brute, va être enlevée et du coup
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on finit par une chloration
et on envoie l'eau sur Paris.
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- Ok, donc tout au long de cette chaîne-là,
il y a plein d'étapes de filtration.
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- On commence par une grosse étape,
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au tout départ,
on appelle ça le dégrillage.
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On va enlever les gros morceaux,
les feuilles, tout ça.
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Donc ici, vous avez l'eau brute
qui se situe à l'entrée de l'usine.
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Une deuxième étape où on va avoir
un dégrossissage sur des billes d'argile.
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Donc là, on est sur
à peu près 3mm de diamètre.
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On va chercher à reproduire
le cycle de l'eau qu'on pourrait avoir
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dans la nature, avec différentes étapes.
Dans le sable, on a un mètre de sable
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et sur les différentes couches
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on va avoir des traitements
qui vont traiter naturellement l'eau.
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Et une fois cette étape-là
donc, on a terminé la clarification
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et on va aller sur les étapes d'après qui
vont être l'ozonation où on va aller
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chercher à enlever tout ce qui est virus,
tout ce qui est bactério,
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tout ce qui est odeur,
saveur dont je parlais tout à l'heure.
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- D'accord.
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- Du coup, on est sorti de l'étape
de filtration sur charbon actif.
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Là, le but c'est vraiment pas
de récupérer de la matière,
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c'est un échange, c'est pour absorber
tout ce qui est micropolluants.
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Et l'étape d'UV qui
va finir de désinfecter l'eau.
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Et là on a une chloration.
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Le but c'est d'avoir
un effet bactériostatique
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parce que l'eau, elle est acheminée
par des tuyaux, des kilomètres de tuyaux.
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Et il ne faut pas que l'eau
qu'on a désinfectée ait un problème.
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Par exemple sur ce qu'on
appelle un coup de bélier où on pourrait
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avoir un petit souci
au niveau de la canalisation.
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Là avec le chlore, on assure que l'eau au
robinet est bonne à consommer.
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- Et en termes de volume, ici,
vous traitez combien ?
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- Alors ici, on va traiter entre 80 000
et 300 000 m3/jour.
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L’équivalent de la consommation parisienne
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c'est à peu près 500 000 m3/jour.
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- Donc ça représente quand même
une grosse partie des eaux de Paris.
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- Environ 20-25 % de l'alimentation à Paris.
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Quand elle sort d'une usine de traitement,
l'eau est parfaitement conforme.
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Mais en partant d'ici, elle n'arrive pas
directement dans nos canalisations.
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Non parce que avant ça,
elle doit être stockée.
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Le stockage de l'eau
se fait dans des châteaux d'eau
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comme celui de Montmartre qui se trouve
dans le 18ᵉ arrondissement de Paris.
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C'est l'un des 16 000 châteaux d'eau qu'on
trouve en France. Celui de Montmartre,
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il peut stocker
jusqu'à 870 m³ d'eau.
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C'est pas si mal, mais ça peut pas
alimenter toutes les maisons du quartier.
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C'est pour ça qu'on utilise
en plus un réservoir collé au Sacré Cœur.
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Il permet de stocker 11 000 m³ d'eau
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et il alimente les bâtiments
les plus éloignés du sommet de la butte.
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Ce réservoir est lui-même
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alimenté par l'un des cinq autres
grands réservoirs que l'on trouve à Paris.
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Mais pour que l'eau arrive
dans nos robinets,
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elle doit encore passer
par les canalisations,
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un système de tuyaux complexe
et surtout très étendu.
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C'est un réseau invisible à l'oeil nu.
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Normal, il est sous terre.
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Les tuyaux partent des châteaux d'eau
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et des réservoirs
pour se ramifier en sous-sol
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et se diriger vers les habitations.
Sur l'ensemble du territoire,
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les canalisations publiques représentent
900 000 kilomètres de tuyaux.
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C'est plus de deux fois
la distance Terre-Lune.
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Et ça, c'est juste en France.
À Paris, elles s'étendent sur 2000 km.
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On doit ce réseau au baron Haussmann,
l'homme chargé par Napoléon III
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de repenser la ville de Paris
et ses bâtiments au XIXᵉ siècle.
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Vous savez, c'est une grande chance de
pouvoir boire de l'eau potable au robinet.
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Pour info, l'OMS et l'UNICEF estiment
que 2,1 milliards de personnes
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n'auraient pas accès à l'eau
potable à leur domicile.
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On a de la chance en France parce qu'on
a assez d'eau
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en surface et en sous-sol pour pouvoir
alimenter toute la population.
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Mais ce n'est pas le cas
dans tous les pays.
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Ce qui les amène donc à devoir trouver
d'autres modes de production d'eau,
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notamment avec l'eau de mer.
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Alors évidemment, on ne peut pas boire
de l'eau de mer comme ça, directement.
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Assez ironiquement,
ça nous déshydrate parce que notre corps,
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il va absorber beaucoup de sel
et il va utiliser sa propre eau
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pour pouvoir éliminer comme il peut
tout ce sel.
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C'est donc pour ça que dans ces pays,
on a installé des usines de dessalement
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et les usines de dessalement,
ça fonctionne super bien.
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Ça permet de retirer 95 % des particules
de sel et 99 % des impuretés.
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Il y a juste un petit problème,
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c'est que ces usines sont très énergivores
et très polluantes.
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Retirer le sel de l'eau,
ça demande énormément d'énergie
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et la plupart du temps, cette énergie
provient de combustion d'énergie
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fossile, conséquence de quoi elles émettent
énormément de gaz à effet de serre.
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Mais il y a un autre problème,
parce qu'il y a aussi le rejet
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d'énormes quantités de saumure
dans les océans.
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En fait, une fois qu'on a dessalé l'eau,
il nous reste de la saumure
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qu'on rejette.
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Et ça, ça perturbe énormément
la vie marine et les écosystèmes.
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Mais heureusement,
il y a d'autres manières de faire,
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comme par exemple
le recyclage des eaux usées.
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Alors je vous l'accorde,
sur le papier, c'est pas très sexy.
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Mais si on prend les eaux usées,
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qu'on les micro-filtre et
qu'on les irradie avec des UV,
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on finit par se débarrasser de tous
les germes et de toutes les bactéries.
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C'est le cas à Singapour par exemple.
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Mais cette eau purifiée n'alimente pas l'eau du robinet.
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Non, elle est mise en bouteille et
on la trouve dans tous les supermarchés.
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Là-bas, on les appelle les "NEWater",
elles peuvent assurer
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40 % des besoins en eau potable de l'île.
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Pour des raisons psychologiques,
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la population a encore un peu de mal
à la consommer.
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Pourtant, elle est parfaitement potable.
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Alors, vous vous demandez peut-être
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ce que deviennent les eaux usées
chez nous en France ?
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Elles sont traitées
dans les stations d'épuration
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avant d'être reversées dans les fleuves
et les rivières.
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Ce qui est important,
c'est surtout de prendre conscience
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de la valeur de l'eau
et d'avoir une consommation raisonnable.
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Chaque jour, on utilise environ 150 litres
d'eau par personne.
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L'hygiène corporelle,
la vaisselle et le lavage du linge
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représentent 60 % de la consommation d'eau
d'un ménage.
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Pourtant, il y a des gestes simples
pour réduire notre consommation.
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Prendre une douche à la place d'un bain,
c'est trois fois moins d'eau utilisée.
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Ça fait quand même
une sacrée différence pour l'environnement
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et pour notre facture d'eau
à la fin du mois.
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Merci d'avoir regardé cette vidéo jusqu'au
bout et moi je vous dis à très bientôt
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pour découvrir d'où viennent
d'autres éléments de notre quotidien.