Bucherons, gardes-chasse, sylviculteurs… Comment la forêt a été modelée depuis l'Antiquité ?

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https://www.youtube.com/watch?v=2HBVGIAhE7Y

概要

TLDRL'épisode retrace l'évolution du rôle des forestiers, de leurs racines au sein des sociétés nomades à leur rôle contemporain dans la gestion durable des forêts. Les forêts sont cruciales pour l'environnement et l'économie, jouant un rôle dans la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. On explore comment, au fil des siècles, la perception et l'exploitation des forêts ont évolué, passant de ressources sauvages à des espaces à gérer avec soin. Aujourd'hui, les forestiers sont plus que jamais considérés comme des acteurs essentiels dans la préservation des écosystèmes et de l'environnement face à un climat en mutation.

収穫

  • 🌳 Les forestiers ont un rôle essentiel dans la gestion des écosystèmes.
  • 🏛️ Les forêts ont été vitales pour les sociétés depuis l'Antiquité.
  • 🪵 L'exploitation du bois doit se faire de manière durable.
  • 🌍 Les forêts absorbent 15% des émissions de CO2 en France.
  • 📚 La profession des forestiers a évolué au fil des siècles.
  • 🌱 La santé des forêts est cruciale pour la biodiversité.
  • 🛡️ Les enjeux climatiques rendent la gestion des forêts plus complexe.
  • 💼 L'ONF travaille pour préserver les forêts tout en répondant aux besoins humains.
  • 🚶‍♂️ La découverte des forêts sur le terrain est enrichissante.
  • 🤝 L'interaction entre l'homme et la forêt est une histoire ancienne et continuelle.

タイムライン

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    L'intervenant introduit le thème de l'homme des bois, une figure historique souvent méconnue qui a joué un rôle clé entre les sociétés nomades et sédentaires. Au fil des siècles, le forestier a su allié les savoirs des chasseurs-cueilleurs avec ceux des agriculteurs, devenant un acteur économique essentiel. Le lien avec l'ONF (Office National des Forêts) est établi, soulignant l'importance des métiers forestiers dans le contexte actuel des défis climatiques.

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    L'importance historique du bois et de la forêt est mise en avant à travers des exemples provenant de l'Antiquité. Hannibal et Jules César, notamment, ont reconnu la valeur stratégique du bois pendant leurs campagnes militaires. Les écrits de divers auteurs antiques montrent également comment les peuples gaulois utilisaient la forêt pour la construction et la défense, révélant ainsi une mémoire collective de ces espaces sylvestres, souvent associés à des mystères et des dangers.

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    L'évolution de la perception des forêts est tracée, notamment à travers la transition de la période romaine à celle du Moyen Âge. Le processus de domestication des forêts, bien que lent, est mis en relation avec la christianisation, dont le rôle a entraîné la destruction de certains espaces sacrés. Les forêts, auparavant considérées comme des lieux païens et dangereux, ont progressivement été réappropriées par les sociétés cultivées, soulignant le changement dans l'interaction humaine avec la nature.

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    La gestion moderne des forêts et la reconnaissance de leur rôle dans la lutte contre le changement climatique sont discutées. Les forêts doivent être gérées de manière durable pour préserver leur biodiversité et leurs ressources. Les forestiers d'aujourd'hui doivent allier savoir-faire ancien et innovations modernes pour partager cet héritage tout en répondant aux besoins de la société. L'ONF joue un rôle crucial de plus en plus tourné vers l'avenir, promouvant une approche de gestion intégrée et responsable des ressources forestières.

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ビデオQ&A

  • Qui sont les forestiers et quel est leur rôle ?

    Les forestiers sont des professionnels qui gèrent les forêts, en assurant leur protection et leur exploitation durable.

  • Quel est l'impact des forêts sur l'environnement ?

    Les forêts contribuent à absorber le CO2, réduisent les émissions de gaz à effet de serre et maintiennent la biodiversité.

  • Comment la profession forestière a-t-elle évolué au fil du temps ?

    Elle a évolué d'une gestion sauvage à une approche plus structurée, intégrant des données scientifiques et des lois pour une meilleure conservation.

  • Quels sont les défis actuels que rencontrent les forestiers ?

    Les forestiers doivent faire face au changement climatique, aux espèces envahissantes et à la gestion durable des forêts.

  • Quelle est l'importance historique des forêts ?

    Historiquement, les forêts ont été des ressources vitales pour les sociétés humaines, fournissant bois, nourriture et abri.

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    Mes camarades, bien le bonjour ! On a souvent l’occasion de le dire : en Histoire,
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    il faut pas trop juger les gens du passé, ni ceux du présent, d’ailleurs ! Parce que non,
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    les populations nomades, chasseurs-cueilleurs  et autres “homme des cavernes” n’ont pas
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    été remplacés par l’homme des champs,  l’agriculteur sédentaire moderne. En fait,
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    un intermédiaire est apparu entre  les deux, et c’est l’homme des bois.
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    Ça n'a rien de péjoratif, bien au contraire : à travers le temps, le forestier a pris le
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    meilleur des deux mondes, devenant même le  grand ami de l’homme des champs. À travers
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    toute l’Antiquité et le Moyen Âge, il a été tour à  tour une activité économique, une classe sociale,
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    et même un mode de vie. Et de nos jours, il se décline en mille métiers : bûcherons,
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    gardes-chasse, gestionnaires, sylviculteurs,  élagueurs, naturalistes, tous travaillent
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    pour ou avec l’ONF, l’Office National des  Forêts, qui est partenaire de cet épisode.
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    Aujourd’hui, on va donc découvrir l’un des plus  anciens et formidables métiers de l’Histoire,
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    nécessaire à la survie de notre société  sédentaire ! Ça fait un sacré héritage, et
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    surtout une belle responsabilité à porter, surtout  avec les défis climatiques qui nous attendent !
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    Alors commençons par ce fameux cliché de “l’homme des bois” sauvage : d’où ça vient ? Durant
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    l’Antiquité, les bâtisseurs ont tout à fait  l’habitude d’exploiter le bois. Aux yeux des
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    Romains, celui venu des Gaules, de Belgique et de  Germanie a particulièrement bonne réputation. Lors
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    de son offensive de 218 avant notre ère, Hannibal a pu compter sur cette ressource stratégique pour surmonter
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    les obstacles naturels : c’est avec le bois des  Gaules qu’il fabrique canots, radeaux et navires
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    pour traverser le Rhône, et c'est avec celui-ci qu’il réchauffe ses troupes lors du franchissement des Alpes.
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    Bien plus tard, de 58 à 50 avant notre ère, c’est un autre grand stratège, Jules César qui constate l’importance
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    vitale du bois lors de la Guerre des Gaules. Bien  que le pays soit déjà administré et défriché,
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    les différents peuples des Gaules peuvent  compter sur de vastes forêts. Pour leurs navires,
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    mais aussi leurs grands boucliers de bois et  d’osier. César prend le temps de noter toute la
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    diversité des espèces qu’ils utilisent, et comment  ils fabriquent des murailles en bois vivant, garnies
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    de ronces et d’épines. Ils trouvent aussi  refuge ou dressent leurs embuscades dans des
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    espaces forestiers, des camps retranchés servant de points de repli et de bases pour lancer des raids.
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    Diodore de Sicile, Strabon, et Pline l’Ancien  reprennent et complètent ce que César a vu,
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    et sous leurs plumes les Celtes des forêts  deviennent de véritables chimistes : la
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    sève de l’if est un poison pour  les flèches, la résine de cèdre
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    embaume les têtes des ennemis, les cendres  de hêtres font du savon, les bouleaux et les
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    épineux donnent toutes sortes de colles, de poix, et  de bitumes pour la navigation et la construction !
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    Et il faut encore ajouter le frêne  des roues de chariot et des navires,
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    le chêne des charpentes, le noisetier des  arcs, etc., etc. On a donc déjà atteint un haut
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    degré de savoir-faire et de maîtrise technique.  Mais attention, c’est pas parce qu’on maîtrise
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    la science du bois qu’on a domestiqué  tous les espaces boisés… Loin de là !
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    Aux yeux des Romains, le monde civilisé a ses limites. Cette frontière invisible,
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    c’est le "foris", le seuil, ce qui est à l'extérieur,  étranger, lointain. Il y a donc deux types de
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    bois : la "silva", ou espace sylvestre, marqué par  l’activité humaine, bien administré et exploité,
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    illuminé par la lumière civilisatrice de Rome.  Et puis la "silva forestis", la forêt, qui est
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    le bois du dehors, sauvage, dangereux, plein de  ténèbres et de mystères. Comme par hasard, vers la
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    Belgique et la Germanie, plus César s’éloigne de  la lumière de Rome, plus il insiste sur les forêts
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    primitives, profondes et obscures, garnies de  peuples forestiers prêts à lui trancher la gorge !
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    En réalité, il plaque sa vision des choses  sur un espace qu’il ne maîtrise pas : nul
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    doute que les Germains, de leur côté,  connaissaient très bien leurs forêts !
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    Cela dit, c’est vrai que tout territoire abandonné  des humains finit souvent par devenir une forêt.
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    Alors les Celtes aussi peuvent y voir un lieu  non-humain. Par exemple, lorsque les peuples
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    Vélioccasses et Bellovaques, c’est-à-dire entre  les actuelles villes de Rouen et de Beauvais,
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    ont cessé d’entretenir de bonnes relations, une  zone-tampon désertique a fini par apparaître
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    entre les deux. L’archéologie révèle un abandon  progressif de cet espace, où les bâtisses ne sont
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    plus réparées, et où bientôt seules restent  des tombes. Des tombes… et des arbres ! La
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    forêt qui grandit alors existe encore, c’est  la forêt de Lyons, entre Beauvais et Rouen !
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    Comme on l’a dit, ces espaces en marge  peuvent devenir des zones de repli,
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    par exemple lors de la Guerre des Gaules. C’est  là aussi dans ce "pagus", de ce pays des païens,
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    que les traditions perdurent le plus longtemps.  D’où la chasse aux druides que les Romains mènent
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    parfois dans le monde celte, en ciblant les  forêts et les bosquets sacrés. Les prédicateurs
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    chrétiens prennent ensuite le relais. Sulpice  Sévère raconte par exemple comment des païens
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    laissent Saint Martin raser un temple très ancien.  Mais lorsqu’il va s’attaquer à l’arbre sacré du
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    sanctuaire, la population se soulève :  abattre un temple, oui, mais un arbre,
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    ça, jamais ! Attention tout de même : les peuples des Gaules avaient des giga-temples dans les grandes villes,
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    et les espaces sacrés sauvages, du type  sources, grands arbres, bosquets, étaient
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    loin d’être les épicentres de leur religion…  Mais ça a juste été les derniers à disparaître.
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    D’où le fameux cliché, qui a continué de  circuler dans tout le Moyen Âge chrétien jusqu’à
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    nos jours : c’est la forêt interdite d’Harry  Potter, le pays des brigands de la Robin des Bois,
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    ou des ténèbres païennes pas encore  éclairées par le christianisme. Un jour,
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    on fera un épisode spécial sur la forêt au Moyen Âge, promis, mais je vais résumer quand même l’essentiel.
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    Revenons à la forêt de Lyons. Jusqu’au 2e siècle, elle avait une frontière marquée,
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    et une route. Mais du 2e au 4e siècle, elle est abandonnée aux tombes, et ça devient un peu
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    la forêt des morts ! Ce n’est qu'au 9e siècle  que les rois carolingiens viennent y chasser,
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    et à partir du 10e siècle environ,  le cours d’eau de l’Epte marque
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    une nouvelle frontière entre les diocèses. Alors que s’est-il passé ? Eh bien, les gens du Moyen Âge,
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    comme à leur habitude, ont repoussé la  frontière et combattu l’espace sauvage.
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    Pour commencer, les vies de saints parlent  souvent d’ermites chrétiens qui s’aventurent dans
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    les forêts, perçues comme des déserts, voire des  enfers spirituels, bref des zones à convertir. Ensuite,
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    les villes défrichent, grandissent, et veulent des  frontières plus fermes. Peu à peu, la forêt est
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    revenue dans l’espace civilisé. Elle devient même  une collection de droits, qui se juxtaposent les
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    uns aux autres : il y a les cochons qui mangent  les glands des sous-bois, les villageois qui
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    glanent le bois de chauffage, ceux qui prélèvent  des piquets de clôture, les exploitants qui
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    marquent les bois de construction, les cueilleurs  de champignons ou d’herbes médicinales,
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    les vanniers utilisant l’osier pour leurs paniers,  et tous ceux qui traquent le petit gibier…
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    Il faut se dire qu’à l’époque, nourrir le bétail, et fournir le bois, ça forme deux
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    fonctions absolument vitales pour les gens ! Et pourtant, en profitant d'un vide juridique,
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    les rois carolingiens ont fait de la forêt de  Lyons un fisc, c’est-à-dire un trésor impérial.
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    Et c'est pourquoi eux seuls ont le droit d’y chasser le grand gibier, et gare aux braconniers !
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    Plus tard, les rois font de grands dons pour la  fondation de monastères royaux : la forêt de Lyons
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    devient domaniale, elle appartient aux monastères,  qui captent une bonne part des droits anciens.
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    La boucle est bouclée : l’antique forêt païenne  sauvage est désormais une propriété exploitable,
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    chrétienne, avec un cadre juridique précis.  Les fonctions de chasseur-cueilleur n’ont
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    donc pas du tout cessé, bien au contraire ! En défrichant la forêt, en y chassant le gibier
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    qui ravage les récoltes, ou en utilisant son  sol pour nourrir leur bétail, les humains sont
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    restés des forestiers autant qu’ils sont  devenus des agriculteurs ou des éleveurs.
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    Encore aujourd’hui, seule la coexistence de  tous ces métiers nous permet de nourrir tout
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    le monde ! Et c’est pour ça que les gouvernements  successifs, des premiers rois jusqu’aux derniers
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    des présidents, ont pris des mesures pour  encadrer et pour soutenir les métiers forestiers.
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    Au 13e siècle, on s’est rendu compte qu'on  ne pouvait pas se contenter d’exploiter la
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    forêt par défrichement : il fallait  aussi la gérer à plus long terme,
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    afin de continuer à vivre de ses ressources. En  1219, une ordonnance de Philippe Auguste cite
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    pour la première fois les Maîtres des Eaux et Forêts, qui gèrent le territoire, et même les
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    délits et crimes de droit commun qui se déroulent  dans les bois ! En 1291, Philippe le Bel affine
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    encore le rôle des Maîtres des Eaux et Forêts, ses  ordonnances expliquant le moindre détail, jusqu’au
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    gabarit des poissons pêchés, aux types de filets,  aux engins et nasses autorisées. Bref, ce n’est plus
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    seulement le bailli d’un seigneur féodal qui fait  appliquer la loi, mais bien un agent de l’État,
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    qui exerce un contrôle sur les ressources  naturelles. Ce sont de véritables enquêteurs.
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    En 1315, Louis le Hutin donne  une définition du mort-bois,
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    le bois sans valeur commerciale : encore  une fois, on crée des catégories, afin de
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    répartir les droits de chacun et de maximiser la  sauvegarde des forêts. On ne maîtrise pas encore
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    la biodiversité, notamment des insectes  qui vivent dans ces bois morts ! En 1346,
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    l’ordonnance de Brunoy promue par Philippe VI donne pour mission aux fonctionnaires de
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    préserver le capital forestier, grâce à une gestion, je cite,  “soutenable” : on pourrait dire “durable” aujourd’hui,
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    car cette volonté n’a toujours pas changé ! Sous  le règne de Charles V, de 1371 à 1376, les Maîtres
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    des eaux et forêts sont désormais dirigés  par des “Souverain-Maîtres”. Ils parcourent
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    tout le royaume, et les officiers équipés d’un  marteau peuvent marteler, c’est-à-dire marquer
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    des arbres réservés aux rois. On a clairement  affaire à un service administratif complet,
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    à la fois très centralisé sur les intérêts de  la couronne, et capable de régenter tout le
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    territoire fiscal, c’est-à-dire appartenant  au roi ! C’est le fameux “régime forestier”,
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    qui a vocation à protéger les espaces boisés,  tout en les valorisant financièrement.
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    Je pourrais continuer longtemps cette liste,  mais on va abréger : un souverain après l’autre,
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    les Eaux et Forêts finissent par étendre leurs  pouvoirs à toutes les forêts, qu'elles soient
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    royales ou non. L’État veille aux ressources  du pays, et tant pis pour les mécontents !
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    On atteint des sommets en 1669, quand le ministre Colbert réalise une réforme des
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    Eaux et Forêts. À chaque arbre sa fonction, à  chaque forêt son nom : le taillis, par exemple,
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    est uniquement constitué d’arbustes, des  arbres de petite dimension. À l’inverse,
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    la futaie est composée de très grands arbres,  aux troncs bien dégagés qu’on appelle des fûts.
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    C’est idéal pour les charpentes, terrestres  ou maritimes. Car oui : la puissante flotte
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    de Louis XIV a grand besoin de futaies. Les  propriétaires privés ont donc le droit d’exploiter
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    les taillis… mais ils sont obligés de réserver  une partie de leurs terrains à des futaies,
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    qu’ils n’ont pas le droit de couper  et doivent au contraire entretenir !
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    Une logique qui se poursuit après l’Ancien  Régime, sous la République, le Directoire,
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    l’Empire, et la Restauration. Il faut  dire que malgré les mesures prises,
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    la forêt représente désormais moins  d’un sixième du territoire national,
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    ce qui est beaucoup moins qu’avant. Et en plus, la quantité ne fait pas tout. La qualité d’une forêt,
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    c’est la santé de ses arbres, la diversité  des espèces, sa capacité à se renouveler,
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    ses interactions avec la faune, et aussi  son utilité à venir pour les humains.
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    Au début du 19e siècle, la Révolution Industrielle  augmente encore la consommation de bois. Or, c’est
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    déjà le grand carburant de l’époque,  qui chauffe les gens et fait tourner
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    les usines. La crise écologique qui s’annonce  sera aussi forcément économique : pour l’État,
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    c’est donc le moment de durcir le ton. En 1824,  sous le règne de Charles X, l'École royale
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    forestière est ouverte à Nancy. Elle se veut, à l’époque, héritière d’une tradition militaire.
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    Après tout, les forestiers du Moyen Âge étaient  des officiers royaux. Et plus récemment,
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    des régiments de gendarmes, d’éclaireurs, de  flanqueurs-chasseurs et autres chasseurs à
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    cheval étaient utilisés pour les guerres  modernes, notamment napoléoniennes.
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    Du coup, en plus des sciences naturelles,  botaniques et législatives liées à la forêt,
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    les forestiers reçoivent aussi une formation  militaire. Ce sont des experts, des hommes de
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    terrain, mais aussi de futurs représentants  du pouvoir. Ils sont donc réveillés au son
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    du clairon, portent l’uniforme, et même  une longue dague de chasse à la ceinture.
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    A partir de 1827, ils sont chargés de faire  appliquer le tout nouveau Code Forestier,
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    qui s’inspire des lois de 1669, mais en serrant  sacrément la vis ! La population, qui ne comprend
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    pas ou n'accepte pas forcément les mesures  d’un Code qui les prive de droits ancestraux,
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    (comme la cueillette, le chauffage, ou le pâturage) va parfois jusqu’à la révolte armée ! C’est le cas lors de la
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    Guerre des Demoiselles, dans les Pyrénées. Furieux  des reboisements arbitraires, des habitants crient
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    “à bas les gardes forestiers !”, et ils profitent  de la nuit pour ravager leurs plantations. Les
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    gardes forestiers ont bien conscience d’accomplir  une tâche cruciale : c’est le cas par exemple sur
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    les littoraux, où la plantation de nouvelles  forêts sert à lutter contre l'ensablement
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    des villes et le paludisme ! Pour défendre cet  enjeu sanitaire, ils portent l’épée et le fusil.
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    D’ailleurs, lors de la guerre de 1870, certains  se portent volontaires au sein du Corps des
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    chasseurs forestiers. En 1890, l’école de Nancy  est reconnue comme faisant partie des armées. En
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    participant à plusieurs expositions universelles, et en accompagnant de nombreux étudiants étrangers,
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    elle rayonne à l’international. Elle s'engage à nouveau dans la Première Guerre mondiale,
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    et l’école reçoit même la Croix  de Guerre et la Légion d’Honneur,
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    d’autant que les stocks de bois jouent encore  une fois un rôle crucial dans le conflit.
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    Alors bien sûr, si vous croisez un forestier  de nos jours, il va pas vous charger à
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    cheval en soufflant dans une trompe, en principe ! Mais ça montre qu’à une époque, pour empêcher un
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    désastre écologique sans précédent face à une révolution économique trop vorace, l’État
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    était capable de prendre sacrément les choses en main, quitte à presque “militariser” la forêt !
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    En 1966, on décide de diviser les Eaux et  Forêts : les premières sont désormais gérées
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    par le ministère de l’agriculture. Les forêts  publiques, communales ou encore domaniales,
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    c’est-à-dire du domaine de l’État, sont désormais administrées par l’ONF,
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    l’Office National des Forêts, qui vient d’être  fondé cette année-là. L’Office embrasse une
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    nouvelle logique : les communes vont contribuer  financièrement à la gestion des forêts communales,
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    et l’ONF peut vendre le bois qu’il exploite  directement dans les forêts domaniales.
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    On cherche donc à faire la part des choses : entre des forêts qu’il faut rendre plus
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    accessibles au public, par l’entretien des  sous-bois, des chemins et des panneaux,
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    et les réserves naturelles qui au contraire  doivent rester des espaces bien préservés. Entre
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    les parcelles qui doivent répondre aux besoins  humains, et nourrir l’industrie du pays, et les
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    zones dédiées à la biodiversité, à la sauvegarde  d’espèces végétales et animales rares ou menacées.
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    Et tout ça, sur un même territoire ! Alors forcément dit comme ça,
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    on visualise une balance bien immobile,  où chaque chose reste bien à sa place
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    pour maintenir un équilibre éternel  et ancestral. Sauf que pas du tout,
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    l’ONF n’est clairement pas tourné vers le passé,  plutôt vers l’avenir. Parce que rien n’est éternel,
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    et il faut sans cesse s’adapter, tout simplement  parce que tout bouge. À commencer par le climat !
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    Le métier de forestier est assez unique quand on y pense. Comme plein d’autres, il a hérité d’un
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    savoir-faire très ancien, mis à jour par la  technique et la science moderne. En revanche,
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    il a récupéré autre chose venu du passé : un  patrimoine colossal, et la mentalité qui y est
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    liée. Imaginez un peu l’état d’esprit dans lequel il faut être pour planter un arbre, un bosquet,
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    voire une forêt entière… et se dire que ça va  mettre des décennies à pousser, qu’on en récoltera
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    pas les fruits, et que tout ça, c’est pour la  génération suivante qui prendra le relais !
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    Comparez ça avec le travailleur indépendant qui est payé à l’heure, le salarié qui accomplit des tâches à
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    la journée, à la semaine ou au mois, ou même avec  l’agriculteur, qui fait sa récolte chaque année…
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    Et là, y’a pas photo : gérer une forêt, c’est avoir une relation au temps qui est complètement différente !
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    Du coup, forcément l’idée de transmission  est dans l’ADN fondamental du métier, ce
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    qui explique que le boulot a aussi été bien fait :  en 2 siècles, la surface forestière a doublé ! Et
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    ça continue : les 25 millions d’hectares de forêt  connaissent chaque année une croissance naturelle,
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    dont seulement la moitié est prélevée. Car  valoriser le bois en quantité n’est pas le
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    seul objectif : il faut aussi protéger la qualité  des forêts, des milieux naturels qui abritent des
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    dizaines d’essences d’arbres, mais aussi 73  espèces de mammifères, 120 espèces d’oiseaux,
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    30.000 espèces d'insectes, et 30.000 espèces de  champignons ! Et ça, c’est juste pour la métropole : je
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    vous parle pas des 1.300 essences d’arbres et  400.000 espèces vivantes dans la forêt de Guyane !
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    À La Réunion, c’est encore une autre chose : avant l’arrivée des Français, l’île était inhabitée.
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    Toutes les espèces végétales s’y sont donc  installées en faisant voler leurs graines
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    par-dessus la mer, et sous un climat tropical  comme celui de l’Océan Indien, ça a donné une
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    forêt hyper luxuriante. On peut y exploiter des espèces spécifiques pour la construction ou
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    l’ébénisterie, comme le Cryptomeria du Japon ou le Tamarin des Hauts. Mais là encore,
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    la biodiversité est un énorme enjeu,  surtout le tourisme qui afflue,
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    et sans compter qu’il faut aussi faire avec les  incendies et les redoutables cyclones tropicaux !
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    Préserver tout ça, c'est un travail de  titan, surtout quand on pense que ça
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    se cumule avec l’obligation d’accueillir les publics et de gérer les risques, parce que
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    l’État a décidé d’ouvrir les forêts aux publics de cyclistes, aux marcheurs, aux chasseurs,
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    aux cavaliers, et aux personnes en situation de handicap ! Tous et toutes s’aventurent donc
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    dans un espace sauvage, avec ses dangers,  ce qui était pas possible autrefois !
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    Il faut donc aménager des chemins balisés,  des panneaux et du mobilier, mais aussi
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    faire de la prévention sur les différents  espaces et espèces protégées. Une douzaine
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    d'applications mobiles existent rien que pour ça ! Mais  on ne parle pas seulement de dégager des accès
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    en se débarrassant de quelques broussailles : la surveillance de couloirs d’avalanches,
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    ou encore la maîtrise de dunes de sable qui se déplacent sur les littoraux,
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    tout ça demande énormément de temps et de travail ! Si vous suivez l’actualité,
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    vous savez que la lutte contre les risques  d’incendies, c'est aussi un immense défi.
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    Le problème, c’est qu’aujourd’hui le cœur même du  métier connaît un véritable bouleversement. Avec
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    le réchauffement climatique, pour la première fois  les forestiers rencontrent des problèmes qu'aucun
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    de leurs prédécesseurs n’ont connu. La forêt  change comme jamais, les sols et les arbres ont
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    soif, les parasites attaquent, et de nombreuses  espèces bien connues de nos forêts dépérissent,
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    ce qui risque de modifier la moitié du paysage  forestier ! En fait, il faut imaginer ce réchauffement
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    climatique comme une véritable tempête, mais lente, silencieuse, invisible… mais qui à la fin,
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    a le même résultat désastreux sur les arbres ! Comme on a dit : tout bouge ! Et c’est pourquoi
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    l’ONF doit proposer des solutions : c’est aussi  son rôle d’innover, et de pousser la recherche.
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    Bon alors par contre, dans tout ce drama y’a quand même une bonne nouvelle, et c’est un peu pour ça qu’on peut
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    faire cet épisode sur l’histoire des forestiers…  La bonne surprise, c’est qu’en fin de compte,
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    avec les progrès techniques d’aujourd’hui, et en se calquant sur les savoirs du passé, eh bien on
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    pourrait tout à fait refaire du bois un matériau  de pointe, qui aidera la transition écologique.
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    Et ça c'est plutôt cool ! Chacun le sait, les arbres absorbent le carbone, surtout s’ils sont en pleine croissance.
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    Et si on les coupe, ce carbone reste alors stocké  dans la matière du bois : pour la construction,
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    c’est donc une assez bonne solution ! Chaque  année, la forêt française et ses sols absorbent
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    15% des émissions de CO2 du pays, et rien qu’en  remplaçant d’autres matériaux, type plastique,
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    par des produits bois, on diminue encore ces  émissions de 8%, en diminuant l’utilisation
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    d’énergie fossiles. 23% des émissions de CO2 du pays à lui seul, c’est un joli score, et encore faut se dire que ce bois
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    peut aider à penser des constructions avec de  meilleures isolations, et c’est encore tout bénef !
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    Couper du bois, quand c’est  bien fait, c’est une très,
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    très bonne chose ! Finalement la vision  passée d’une forêt obscure à affronter va
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    s'atténuer, parce qu'en apprivoisant et en collaborant  avec la nature, eh ben on se facilite la vie ! Le
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    bouleversement climatique va radicalement  changer notre rapport avec la forêt,
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    qui va peut-être encore plus faire partie de notre quotidien. Mais rassurez vous : gérer la forêt de
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    façon durable, c’est la boussole des forestiers  depuis le 14e siècle, alors ils savent faire !
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    Pour accompagner la forêt face à ce nouveau  défi, l’ONF met en place la forêt mosaïque.
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    L'objectif : renforcer la diversité partout, dans les nombres des espèces d’arbres, la structure de
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    la forêt, les habitats pour la biodiversité, etc. La relation entre l’homme et la forêt,
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    c’est une longue histoire qui n’est pas prête de  se terminer, car si elle est gérée durablement,
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    elle n’a pas fini de nous offrir toutes ses  richesses écologiques et sociétales… des
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    richesses renouvelables et inépuisables  si on respecte la vie des écosystèmes !
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    Merci à l’ONF et à toutes leurs équipes :  d’une part ils font un boulot formidable,
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    essentiel pour nous tous, mais en plus ils en parlent avec passion, et ils ne rechigneront
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    jamais à vous expliquer si vous les croisez en forêt, si vous avez des questions, et ça c’est un plaisir ! J’espère
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    en tout cas que cet épisode vous poussera à découvrir  encore plus de choses sur la forêt, peut-être
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    que vous lirez des ouvrages ou irez  voir d’autres chaînes YouTube. Mais
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    mon conseil pour en apprendre plus, c’est  aussi d’enfiler vos bottes et vos baskets,
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    et d’aller voir directement sur place. Alors  bonne balade, et à très bientôt sur Nota Bene !
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